• ÉQUERRE & COMPAS des Francs-maçons & L’O D’ODILE

     

    Ruelle de l'or à Prague ou logeaient les alchimistes

    Si les Franc-maçon actuels mènent leur vie et leurs « initiations » à leur manière selon les aléas des pressions philosophiques et politico-spirituelle du moment, leurs concepts sont ce qu’ils sont. Cet aspect n’est pas au cœur de mon propos.

    La Franc-maçonnerie – indépendamment des individus qui disent la constituer actuellement et depuis sa réforme du XVIIIe siècle – m’intéresse car elle reste immuable et prend ses racines dans le néolithique des pêcheurs-cueilleurs et peut-être même dans le paléolithique. Cette civilisation de la pierre taillée, ou des tailleurs de pierre, donna naissance mystérieusement aux plus anciennes civilisations.

    Cet aspect échappe à la maçonnerie moderne qui établit ses fondements au XVIIIe siècle seulement en faisant table-rase du passé dans sa dimension spirituelle et initiatique directement issues, non pas d’un clergé mais de l’enseignement verbal du Christ lui-même. C’est cette particularité qui fit écrire à saint Jean, en conclusion de son Evangile, les lignes significatives suivantes :

    « Jésus a fait encore beaucoup d’autres choses ; et si on les écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pût contenir les livre qu’on écrirait. »

    J’ignore si le Christ fit un discours sur l’équerre et le compas, mais à coup sur, sur leur signification profonde, rejoignant ainsi les préoccupations de « l’alchimiste de Bethléem – écrit Eugène Canseliet (disciple de Fulcanelli) à la page 159 de son ouvrage L’alchimie expliquée sur ses textes classiques – qui proposa l’arcane à ses disciples, en les identifiant avec la lumière du monde et le sel qui, malgré toute apparence, n’est évidemment pas le chlorure de sodium utilisé pour la cuisine :

    Vous êtes le sel de la terre. Car si le sel perdait sa force, avec quoi le salerait-on ? Il ne vaut rien de plus que d’être jeté et foulé aux pieds par les hommes. (Mathieu, V, 13)

    La parabole magistrale est reprise par Marc et Luc qui, lui, la ponctua de la remarque fameuse et familière aux Evangiles :

    Qui à des oreilles pour entendre, entende. (Luc XIV, 34)

    En maçonnerie l’équerre et le compas sont deux éléments scellés qui symbolisent à eux seul la maçonnerie. Toujours collés ensemble, comme l’est en alchimie le soufre et le mercure, le troisième élément salin que l’on doit s’attendre à découvrir (à l’instar des trois points) est invisible comme l’est le sel de la terre encore appelé pertinemment  médium, cette lumière du monde qui surgit chaque matin à l’orient dans la lumière du soleil levant, telle est la raison pour laquelle chaque prêtre disait sa messe matinale face au lever de l’astre…

    L’équerre et le compas caractérisent, lorsqu’ils sont ensemble et disposés l’un sur l’autre, les outils privilégiés des Francs-maçons. Depuis l’aube de la maçonnerie moderne, au début du XVIIIe siècle,  ces deux outils sont étudiés symboliquement. Leurs diverses dispositions : l’équerre sur le compas, l’équerre et le compas entrecroisés, et le compas sur l’équerre, caractérise les trois premiers grades qui sont celui d’apprenti (équerre sur le compas), de Compagnon (équerre et compas entrecroisés) et de Maitre (le compas sur l’équerre).

    Disposition de l’équerre et du compas d’après Jules Boucher in La symbolique Maçonnique.

    Les différents auteurs s’accordent pour que ces symboles soient aussi anciens que la maçonnerie elle-même.

    Cependant un malaise surgit à propos d’une représentation des plus anciennes de ces deux instruments dans une  gravure ovoïde illustrant le fameux Traité de l’Azoth du moine alchimiste Bazille Valentin.

    Disons en passant que la pierre philosophale des alchimistes est appelée Œuf, ce qui justifie cette forme de la gravure qui peut se tracer avec le compas.

    Le problème le voici :

    Dans un œuf[1], est une représentation du corps double à double tête ou REBIS, qui tient dans la main droite un compas et la main gauche une équerre.

    Je souligne en passant qu’il est une correspondance liée à l’omniscience des Adeptes qui sont des êtres en voie de transformation, de métamorphose. En effet, les progrès des neurosciences depuis les années 1970 ont permis de montrer que l’encéphale cérébral gauche (main gauche tenant l’équerre) caractérise essentiellement les particularités intellectuelles, rationnelle de notre intelligence.

    Le mot équerre est significatif puisqu’il vient du latin quadrare, « rendre carré ». Le raisonnement de  l’encéphale cérébral gauche est bien « à l’équerre ». Son intelligence est « carré » c'est-à-dire bien structurée, rigoureuse.

    L’encéphale cérébral droit est représenté par la main droite tenant le compas. Cet encéphale est pourvu d’une ouverture d’esprit sans égale qui lui permet d’accéder à la créativité, à l’intuition et la mystique et finalement à la connaissance et à la sagesse.

    « Le compas symbolise, dit fort justement Jules Boucher dans La symbolique maçonnique, L’esprit et l’équerre la matière » p.8 Edition 1948.

    Cela est en total accord avec ce que je viens de dire car l’encéphale cérébral droit avec le compas est bien « spirituel » et le gauche « matériel ».

    Une interrogation ne manque pas de surgir quand on sait que la gravure précédente date de 1659 pour Jules Boucher et pour Oswald Wirth. Cette date est fausse puisque cette gravure fut d’abord recopiée en 1624, d’un texte plus ancien, par Daniel Stolcius en son Vivarium chimicum Qui est un recueil de séquences iconographiques tirée des traités classiques les plus réputés.  Ce livre reproduit donc une image paru des dizaines d’années auparavant.

    L’auteur, Basile Valentin, serait né en 1394 ce qui lui fait écrire son traité de l’Azoth au milieu, du 15e siècle.

    Oswald Wirth qui ne tolère pas que l’alchimie au laboratoire (non sérieuse pour lui) puisse exister écrit sans ciller :

    « On est surpris de rencontrer ces emblèmes capitaux de l’art royal dans un opuscule qui prétend enseigner « le moyen de faire l’or caché des philosophes » et dont l’auteur vivait à une époque de beaucoup antérieure à la renaissance de la Franc-maçonneries moderne. » p.99 in Le symbolisme hermétique.

    Que de sous entendus dans ce court extrait ! « Un opuscule qui prétend… » classe le grands Basile Valentin, l’auteur de la fameuse devise V.I.T.R.I.O.L.[2] que le futur Franc-maçon doit méditer dans le « cabinet de réflexion », aux rangs des prétentieux… pour les certitudes d’Oswald.

    Deuxième point d’irritation : comment l’équerre et le compas ont-il pu exister, dans un ouvrage d’alchimie (hérétique pour Oswal) avant la Franc-maçonnerie moderne de… 1717 qui renierait (toujours d’après Oswald) l’alchimie au laboratoire ! Certes c’est une date arbitraire mais la vraie maçonnerie, celle des adeptes qui œuvraient au fourneau est bien antérieure et fut tout bonnement exclue à cette date. C’est l’une des la particularités de la maçonnerie moderne.

    D’ailleurs pour se convaincre de la nécessité du laboratoire il suffit de suivre les Adeptes de ces époques (XVIe siècle, XVIIe siècle et XVIIIe siècle) qui transmutèrent à travers l’Europe, dont la plus célèbre et impossible à critiquer est celle effectuée en 1666 par Helvétius médecin, à la Haye, du prince d’orange et qui laisse coi les historiens.

    Alors une question se pose : la maçonnerie moderne est-elle légitime ? Est-elle en droite ligne de celle qui fleurissait avant 1717 et qui avait de forte chance d’être chrétienne, mystique et alchimique?

    Personnellement, avec la connaissance que j’ai de la fraternité des trois points, je tends (sans aucune animosité) à situer la maçonnerie actuelle à proximité de la philosophie du « Nouvel âge » et de celle du « développement personnel ». C’est, pour l’instant, mon opinion qui vaut ce qu’elle vaut.

    De grâce n’allez pas chercher des diplômes et certificats au fond de vos tiroirs. La légitimité sur le plan spirituel se mesure à l’aune de la sagesse acquise par une solide formation mystique et pratique au sein des loges ou de tout autre lieu.

    A vous de juger si les spéculations symboliques intellectuelles et les discours accompagnés de bonnes intentions font grandir au point de faire accéder à l’éveil ou à la libération dont parlent tout les spirituels du monde entier.

    Il est incontestable que la franc-maçonnerie avant 1717 était différente, pensait autrement. La preuve en est la gravure ci-dessus qui semble s’égarer (pour O. Wirth et la majorité des maçons actuels) dans un laboratoire de misérable faiseur d’or !

    Mais tous les Francs Maçons ne pensent pas de la sorte. Ainsi Jules Boucher se garde bien d’aller dans le même sens qu’Oswald Wirth. Il se contente de signaler que la gravure ovoïde de Basile Valentin est antérieure à la date admise pour la création de la Franc Maçonnerie moderne de 1717.

    Il y a une raison à cela, c’est qu’il était ami de Fulcanelli. Il pratiquait l’alchimie et œuvrait au laboratoire. Yves Artéro dans son remarquable blog sur Julien Champagne le démontre sans ambages.

    Remerciement, pour ce document, à Yves Artéro. Blog Julien Champagne in Champagne et Jules Boucher. http://www.archerjulienchampagne.com/

    Ce faisant Jules Boucher s’inscrit à contrario des concepts alchimiques généraux de la Franc Maçonnerie et plus particulièrement de la philosophie de René Guénon.

    Pourtant Boucher à su rédiger un ouvrage remarquable (La symbolique maçonnique) sur la Maçonnerie qui fait encore autorité depuis 1948. Il est très dommage qu’il n’a pu parler librement de l’alchimie sans prendre le risque d’être discrédité par ses frères en tablier fervent adeptes d’une alchimie psycho-spirituelle. Pour les « alchimistes » disciple de C. G. Jung ou adorateur de René Guénon ou encore d’Oswald Wirth il est impossible à faire entendre quoi que ce soit sur l’alchimie au laboratoire.

    Revenons donc à l’équerre et au compas superposés qui caractérise l’apprenti quand l’équerre est sous le compas. L’interprétation alchimique est que la matière masque l’esprit. L’apprenti se doit donc d’apprendre à découvrir l’existence de l’esprit dans toutes matières non seulement en l’homme mais aussi en toutes substances. Pour y parvenir, en lui-même, l’école initiatique y pourvoi par des exercices particuliers accompagnés d’une théorie logique et adaptée qui n’existe plus en maçonnerie.

    Pour apprendre à découvrir l’esprit en la matière Fulcanelli s’y évertue en ses Demeures Philosophales. L’index du livre permet de découvrit les multiples pages qui lui sont consacrées.

    Quand l’équerre et le compas sont entrecroisés pour désigner le Compagnon. C’est là une ouverture, une prise de conscience. Au laboratoire cela se manifeste par la couleur verte :

    « En ces instants, l’alchimiste affermit son accession ; il est entré dans le domaine transcendant, dont nul ne prend soucis à l’ordinaire. Non seulement il sait désormais que l’esprit du cosmos est de couleur verte, mais encore il a vérifié que l’insaisissable agent de la vie se montre néanmoins pondérable et, conséquemment, de matérielle gravité. » Eugène Canseliet in L’alchimie expliquée sur ses textes classiques. P200. Editions J. J. Pauvert. 1972.

    Quand le compas est au-dessus de l’équerre correspondant au grade de maître, l’esprit domine la matière. L’adepte sait ce qu’est l’esprit, ou « lumière du monde » et réalise alors que l’œuvre au laboratoire est plus spirituelle que la méditation à l’oratoire. Certes, l’un ne va pas sans l’autre. Le but de l’oratoire est de préparer l’adepte à acquérir la pureté nécessaire pour pouvoir côtoyer l’esprit.

    Car l’esprit peut tout. Alors les transmutations d’où peuvent-elle venir ? La vie d’où sort-elle ?

    Quand on a saisi cela et qu’on pratique au laboratoire l’esprit prend tout son sens. Il est au-dessus de tout comme le compas (Esprit) est au-dessus de l’équerre (matière).

    Alors comprenons une foi pour toute que l’esprit scientifique ne peut, pour l’instant, rien comprendre à l’alchimie pas plus que l’esprit des spéculatifs et celui des dogmatiques qu’ils soient politique, scientifique ou religieux. Pour tous ceux-là l’alchimie ne peut qu’être hérétique.  

    Je vous laisse méditer sur le compas et le cercle d’Odile En n’oubliant pas que l’eau est notre mère à tous.  

    Avec toute mon amitié.

     

     

     


    [1] Les sept antiennes qui se chantent pendant sept jours du 17 au 23 décembre servent comme introduction solennelle à la fête de Noël. Elles commencent toutes par l'interjection O. Elles datent du VI° siècle : O Sagesse; O Adonaï et Chef de la maison d'Israël ; O Rejeton de Jessé ; O Clef de la maison de David; O Orient ; O Roi des nations ; O Emmanuel. Elles glorifient le ventre rond de la Vierge qui va enfanter. De ce fait les Odile (« fille de la lumière ») héritent des mêmes prérogatives (exaltées sur le plan de la créativité et de la mystique dont sainte Odile est la plus illustre représentante. Evidemment cela reste lettre morte s’il n’y a pas un désir d’aller dans ce sens. 

    [2] V.I.T.R.I.O.L. sont les initiales de l’expression latine : Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultem Lapidem = Visite l’intérieur de la terre et en rectifiant tu trouveras la pierre cachée. Oswald Wrih en donne une interprétation lourdement prisonnière de ses idées préconçues. Ses certitudes le pousse à dire des âneries : « Cette pierre est un symbole essentiellement maçonnique, et il semble que les alchimistes en ait primitivement emprunté l’emblème aux initiés constructeurs. Une pierre n’est pas normalement à sa place dans un symbolisme de métallurgiste… » L’alchimie une métallurgie alors que c’est une biologie ! Et la médecine, ou pierre philosophale réduite à une purification de l’homme sur le plan moral ! Mesurons la dégradation de la Noble Science entre les mains de spéculateur, ce qui justifie amplement sa protection par le secret.

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  • LES AVALEURS DE SABRE

    Vous vous doutez que je ne vais pas vous parler des cirques Pinder et Bouglionne où entre les acrobates et les dompteurs on avale des sabres. En réalité je vais vous parler de la comédie humaine, celle qui nous fait avaler des couleuvres et toutes sortes de joyeusetés.

    A l’école nous connaissons ceux qui avalent les connaissances pour les recracher ensuite à l’occasion d’un examen. Les profs appellent ces individus des éponges.

    Qui n’a jamais rencontré ce genre d’encyclopédie sur patte ?

    Généralement brillant, baratineurs hors pair et obtenant leurs examens avec mention. Certains sont incapables de rédiger, autre que médiocrement, une thèse de doctorat ou un mémoire d’ingénieur. La raison en est que nos éponges doivent chercher, inventer et non recracher.

    Avaler et recracher est leur domaine. S’ouvrir au souffle de l’esprit les dépasse.

    C’est ce genre d’individu que j’appelle « avaleurs de sabre ». Ils me font penser aux requins qui suivent les bateaux pour avaler  tout ce qui tombe à la mer, de la poubelle au matelot emporté par les flots…

    Les avaleurs de sabres n’ont aucune discrimination et sont souvent incapable d’originalité. Ils sont formatés selon les desiderata de notre société ou des divers gourous. Mon maître, l’alchimiste Mgr Roger Caro, les classait dans la catégorie de ceux qui savent tout mais ne comprennent rien.

    Si j’écris cet article ce n’est pas pour enfoncer une porte ouverte. C’est pour dire combien les avaleurs de sabre sont légion dans le domaine de la spiritualité. Inutile de vous dire combien il est difficile d’échanger avec eux car leur formatage les ferme à tout échange réel.

    Généralement issus du Nouvel Age ou du courant tant prisé de « développement personnel », ils vont, funambulesques, de stages en stages. Bon, c’est leur choix, à cela rien à dire ils sont libres de jeter leur argent par les fenêtres.

    Rien à dire ? Certainement pas quand ils affirment œuvrer spirituellement et que leur attitude ne correspond absolument pas à un soupçon de sagesse.

    Remarquez que l’on trouve cette attitude fréquemment. L’essentiel n’est pas de la dénoncer mais d’essayer de comprendre pourquoi il en est ainsi. Mettons de coté la psychanalyse de midinette et allons plus loin.

    Souvent sont confondu le goût de l’étrange et du mystère avec une recherche spirituelle. Et les individus ayant des dons comme ceux de « voyance » ou de perception des auras se croient élevés spirituellement. Je suis catégorique : ces dons n’ont rien à voir avec l’élévation spirituelle. C’est un don comme celui des math ou de toute autre chose. La spiritualité c’est un chemin différent qui demande un effort personnel au-delà de notre petite personne.

    Le chemin spirituel je l’ai compris en ce sens. Evidemment peut-être est-il possible de le comprendre autrement. Dans ce cas j’aimerais bien savoir comment.

    La spiritualité est un chemin UNIVERSEL qui aboutit à un état particulier, et permanent, de conscience. Les anciens parlaient d’illuminés. Evidemment c’était bien avant qu’existe l’aspect péjoratif du terme.

    Les bouddhiste zen Japonais parlent de Satori et les chinois de . L’individu ayant atteint sa réalisation est appelé, par les taoïstes, tchen jen ou homme véritable. Car la véritable humanité n’est pas ce que nous sommes habituellement. Elle s’ouvre donc à une autre vision et compréhension du monde que nous retrouvons autant chez les mystiques chrétiens que chez les sages orientaux.

    Les avaleurs de sabre affirment qu’ils n’ont point besoin de tout cela pour s’élever spirituellement et jugent cette démarche contraignante et inadaptée. Ils préfèrent parler, rien que parler.

    Chacun a ses opinion mais je maintiens que le chemin de la spiritualité ne passe ni par une opinion, ni par le merveilleux, même s’il y accède in fine.

    Avec toute mon amitié.

     

     

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  • EGLISE INITIATIQUE ET FEU DU SOLEIL

    J’aime la mer et me laisser bercer par l’éternel retour de son ressac. De même J’ai toujours été fasciné par la lumière de notre étoile, par l’énergie toujours renouvelée du soleil ce donneur de vie. Souvenir d’étudiant boutonneux où dès les premier cours de géologie, les profs insistaient sur le rôle primordial de l’astre diurne autant dans les processus d’érosion que dans le déroulement harmonieux des biocycles ou la formation des fossiles.

    Les scientifiques sont actuellement tous d’accord pour dire que l’origine de cette énergie colossale est issue de réactions thermonucléaire provenant de la fusion d’atomes entres-eux, de telles sorte que notre étoile est une immense machine à transmuter. Le soleil est un colossal laboratoire d’alchimiste. Faut-il s’en étonner ?

    Quand on se familiarise avec les textes fondateurs de cette pratique telle la Tabula smaragdina ou La table d’émeraude (elle était gravée sur une table en émeraude, d’où son nom) par le fondateur mythique de l’alchimie Hermès Trismégiste qui se confond avec le dieu Thot des égyptiens, le soleil est considéré comme un maître d'oeuvre.

    Ne soyons pas surpris qu’une table entière puisse être taillée dans cette pierre précieuse puisque dans l’Antiquité, des auteurs comme Théophraste, Hérodote ou Pline l’Ancien décrivent parfois des statues, voire des colonnes ou obélisques taillées dans cette pierre. On sait, seulement maintenant, qu’il s’agissait bien de belles pierres vertes mais pas de véritables émeraudes.

    Sur cette table « smaragdina » était gravé le fameux texte d’alchimie que tout le monde connait car il commence par l’affirmation que les astrologues répètent à souhait : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut… »

    Ce que l’on sait moins c’est que ce court exposé complet sur l’alchimie s’achève sur une autre affirmation qui nous intéresse ici :

    « Ce que j’ai dit de l’opération du soleil est accompli et parachevé. »

    Opération transmutatoire de la matière au sein du soleil… Comment l’ont-ils su ? Intuition ou omniscience acquise par une solide formation initiatique ? Nul ne le saura jamais sauf les adeptes qui ont réussi leur Grand Œuvre.

    Quoi qu’il en soit l’opération solaire de fusion transmutatoire se déroule au sein de l’astre. C’est ainsi que naitraient toutes les substances que nous révèlent la fameuse table de classification des éléments de Mendeleïev. Eléments constituant toute matière en notre monde. Précieuses substances fabriquées par les myriades de soleils que sont ces million d’étincelles qui criblent et fécondent, de leur point incandescent, le ciel nocturne.

    L’œuvre du soleil n’est pas achevée tant qu’il reste luminaire. Telle toute choses l’astre n’est par éternel. Il finit par exploser (supernovea)… Solve dirait l’alchimiste dans son colossal laboratoire. Tout débute, ou redébute, par la destruction des structures afin de constituer un monde nouveau à l’image de sa future histoire.

    C’est un schéma universel qui n’est pas contredit par l’adage affirmant que « c’est dans les vieilles soupières que l’on fait les bonnes soupes », soupe dans laquelle se sont organisées, d’une manière ou d’une autre, les multiples molécules organiques y compris les fameuses séquences d’ADN mémoire de chaque espèce vivante.

    Cette colossale déflagration ensemence,  avec les substances fabriquées par le soleil durant toute sa vie flamboyante d’étoile, l’immense espace qui l’entoure. Et dans cet espace va naitre un nouveau soleil avec son cortège planétaire. C’est le schéma que j’ai retenu, et qui m’a paru le plus plausible, pour ne pas compliquer les choses avec les diverses opinions et hypothèses des cosmogénéticiens.

    Dans le soleil la fusion de deux atomes d’hydrogène donne un corps plus lourd. Ces corps plus lourds en donnent de plus lourds encore et ainsi de suite jusqu’à la limite du possible qui est l’atome de fer, lequel constituerait, par sa stabilité, le cœur des étoiles.

    Arrêtons-nous un moment sur les particularités du fer stellaire. Les anciens forgerons, dont Mircéa Elliade a saisi toute l’importance quant aux connaissances ancestrales véhiculées par leurs techniques, comparaient les étincelles qui jaillissaient sous leur marteau à une pluie d’étoile. Et ce lien entre le ciel et les l’étincelles est resté dans le mot sidérurgie ou le travail du fer est inséparable de l’univers sidéral. La sidérurgie est indissociable de l’espace intersidéral comme le montre le préfixe sidéros qui signifie fer et sidéris astre.

    L’atome de fer est pourvu de 26 électrons qui gravitent autour de son noyau. Il m’a semblé important de signaler la concordance entre ce nombre et celui des quatre lettres hébraïques : Yod, Hé, Vov, Hé. Chacune est associée à un nombre soit : Yod = 10, Hé = 5, Vov = 6 et Hé = 5. Le total de YEVE, nom de Dieu, est égal à 26. C’est le fameux tétragramme des occultistes. Le 26 du fer sidéral désigne donc Dieu qui est bien… aux cieux !

    Cette particularité du cycle nucléaire des étoiles permet de saisit l’omniscience dont fait preuve un véritable alchimiste tel Mickaël Mayer, ce médecin de l’empereur Rodolphe II de Habsbourg, quand il écrivait en tête de son livre Atalante fuyant les quelques lignes suivantes :

     

    « Grande mère des fruits, grande mère des hommes.

    Je te salue ô terre de Saturne : j’ose

    Entrer dans ton amour dans l’antique domaine

    De gloire, et libérer les sources d’eau vivantes.

    Dans les cités de fer je chante un chant d’étoile."

     

    Ceci pour dire que l’alchimie est par excellence la voie initiatique Occidentale et qu’elle est biologie plutôt que métallurgie. Elle élabore et structure la mystique fondamentale centré sur cette énergie pure (en tous les sens du terme) que l’Eglise primitive appelle Esprit-Saint.

    Esprit inséparable des puissances dites christiques (pour les chrétiens) qui est au cœur, sous l’appellation de christocentrisme, de notre culture occidentale.

    Tournons-nous vers l’avancée de la recherche scientifique du XXe siècle qui permit de découvrir l’énergie nucléaire.

    Il faut souligner que cette énergie repose essentiellement sur la fission, ou division, nucléaire. Elle divise les particules constituant le noyau atomique (le mot diable vient de dia : division).

    Inversement l’énergie nucléaire du soleil repose sur la fusion, et donc l’union des atomes.

    L’énergie nucléaire humaine, dans ses centrales énergétiques, est en totale opposition, avec sa fission, avec celle du soleil, basée sur la fusion. Si le soleil est donneur de vie notre puissance atomique lui sera opposée. Elle aboutira aux bombes destructrices et à des centrales énergétiques dangereuses.

    Soyons lucide, nos centrales nucléaires sont surréalistes. Un pareil procédé de fission atomique pour faire bouillir une « casserole » d’eau est disproportionnée jusqu’à l’aberration. C’est l’équivalent d’un canon utilisé pour tuer une mouche. On tue la mouche ou on la manque mais à tous les coups on fait sauter la baraque.

    Le Christ associé au soleil créateur est donc une analogie capitale que la tradition a conservée dans l’orientation des églises dont le cœur et le maître autel sont toujours orientées vers l’Est, lieu ou le soleil se lève et vers lequel tout prêtre disait le matin sa première messe. Ces rayons du soleil levant, véhiculant une énergie particulière incluse dans la lumière, se posaient sur l’autel et le calice contenant le vin eucharistique, pour le sanctifier en complément indispensable de la consécration de prêtre le jour de son ordination.

    Telle était la raison pour laquelle le prêtre était tourné vers le soleil levant quand il célébrait une messe. De ce fait les fidèles eux aussi faisaient face au soleil. Ne parles-t-on pas de Christ solaire ? Telle est la raison pour laquelle le prêtre tournait le dos aux fidèles. Tous : prêtre autant que fidèles se devaient d’être tournés vers le lever de l’astre christique pour en louer tous les bénéfices.

    Evidemment cette hymne au soleil dépassait le soleil lui-même pour s’adresser à l’allumeur de réverbères.

    Cette connaissance étant perdue, le concile de Vatican II réforma l’office et le prêtre se tourna vers les fidèles pour célébrer son office devenu social. De ce fait il perdit son lien avec les lois de la nature et avec le Christ solaire.

    Le calice posé sur l’autel recevait trois sanctifications. D’abord celle du prêtre à travers son ordination ensuite celle du soleil et enfin celle émanant des reliques incluses dans la pierre d’autel.

    Je rappelle que le calice devaient être posé obligatoirement sur une pierre sanctifié à l’huile chrismale et contenant des reliques de saint aidant à établie un lien avec le suprasensible.

    Actuellement les reliques ont disparues et le prêtre tourne le dos au soleil levant.

    Seule subsiste une ordination du prêtre dont on s’interroge sur la validité car les ordinations intermédiaire – comme celle de Portier, de Lecteur, d’exorciste, d’Acolyte, de sous diacre, de Diacre – précédant et préparant la prêtrise par une lente maturation ont soit disparues soit devenues méconnaissables.

    D’autre par les rituels d’ordination d’un prêtre ou celui de la consécration d’un évêque ont perdu leurs sens car ils furent soit mal adaptés soit inventés ex nihilo.

    Lors du concile Vatican II le premier schéma étudié par l’assemblée évêques avait été la constitution sur la liturgie que ses promoteurs entendaient réformer. On s’appliqua alors à réviser les rites et à inventer de nouveaux textes liturgiques. Mgr Annibale Brugnini et le cardinal Lercaro en furent la cheville ouvrière.

    « Le cardinal Lercaro avait beau être parmi les initiateurs de cette réforme liturgique elle ne lui disait rien qui vaille » (in Padre Pio le stigmatisé par Yves Chiron. P. 313. Editions Perrin.)

    Et en effet notre prélat était dans le vrai…

    Je ne vais pas m’attarder sur cette perte des liens avec la nature et du sens du sacré.

    Le plus grave est évidemment l’annihilation de la dimension initiatique et mystique de l’Eglise. Dimensions qui reposaient sur la structure des offices, leur proximité avec le divin par leur harmonie avec les lois de la nature.

    L’un des points essentiels reposait sur l’orientation du prêtre (et de l’église) vers le soleil levant.

    L’énergie nucléaire issue d’une science sans conscience est aux antipodes de l’énergie solaire. L’histoire de cette émergence de « l’anti-soleil » (notre énergie nucléaire faisant l’œuvre inverse de celle du soleil) est profondément significative et permet de saisir le sens de cette terrible transgression.

    Telle est la raison pour laquelle l’alchimiste Fulcanelli rendit visite, en 1937 à Paris, aux physiciens Jacques Bergier et André Helbronner. Il les mit en garde face aux redoutables dangers potentiel de la technologie nucléaire alors très proche.

    Bien avant cette date les alchimistes essayèrent, en vain, d’infléchir les concepts scientifiques naissant qui s’éloignaient de plus en plus des lois de la nature en étayant tous leurs concepts sur une pensée uniquement matérialiste. Telle est la raison essentielle de nombreuses transmutations opérées par les adeptes auprès de personnalités ou de scientifiques durant les XVIIe et XVIIIe siècle pour tenter de leur montrer l’existence d’une autre voie pour comprendre et agir sur la matière et l’univers.

    L’alchimie est une science, plus exactement une sainte science dont les axiomes sont diamétralement opposés à ceux de la science moderne. Quand la science actuelle œuvre sur la lumière la science sacrée œuvre sur l’esprit… contenu dans la lumière. Cela est évidemment incompréhensible pour les rationalistes car la science est très limitée pour comprendre la matière, et aussi l’espace et même le temps qui est loin d’être linéaire dans son écoulement.

    C’est pourquoi durant le XXe siècle la dérive belliqueuse menant à l’énergie nucléaire s’accentua. Les dés étaient définitivement jetés. La crise économique actuelle, et le terrorisme Islamique en sont des échos ou des avertissements...

    Aucun sociologue n’ignore que les aléas d’une société, surtout ses crises et ses problèmes, sont secrétés par la société elle-même.

    Souvenons-nous de la bombe à fission d’Hiroshima. Elle fut suivie sept ans plus tard d’une caricature du soleil qui saisit d’effroi les savants américain par cette monstruosité qui fut la bombe à fusion d’Eniwetok. Processus de désintégration qui produit l’énergie rayonnante du soleil. Rayonnement de mort et non de vie comme notre astre… L’horrible merveille fut baptisée de la lettre H, initiale d’Hélios, nom grec du soleil.

    On nous apprend que cette « arme absolue » (bien éloignée de l’Absolu des sages) a eu pour père non un ou des hommes mais une machine, un ordinateur désigné d’un nom formé d’un ensemble d’initiales qui se lit MANIAC. La mort est ainsi sortie toute armée du cerveau métallique de la folie. Faut-il s’en étonner puisqu’elle est le produit de ce que notre cerveau biologique, et donc de ce que le psychisme à d’artificiel : l’intelligence rationnelle, dépourvue de conscience, d’intuition et de sensibilité à contrario de la vie.

    Pour les partisans d’un prêtre tournant le dos au soleil lors d’un office je soulignerais un trait mentionné par la presse à l’occasion de la première expérience nucléaire française au Sahara, terre musulmane. Au moment ou jaillissait la foudre, les participants, appliquant les consignes de sécurité qu’ils avaient reçues, se tenaient prosternés, la tête collée au sable, le dos tourné à l’explosion. Ils offraient ainsi une image des priants de l’Islam, mais une image inversée, car l’Epouvante exige de ses adorateurs qu’il lui montre non leur visage, mais leur derrière. Nous sommes en plein sabbat : que l’homme en effet baise les fesses du bouc ou qu’il tourne les siennes vers l’idole, c’est toujours de la même messe noire qu’il s’agit…

    En tournant le dos au soleil levant un prêtre renie son Dieu. Il ne peut, par ignorance, qu’inverser un processus de divinisation qui lui échappe et enfoncer l’Eglise, et la société, dans le marasme.

    Mais les vieilles sciences qui nous aident à lire les redoutables signes des temps contiennent à la foi le plus réconfortant, le plus serein des messages. La vie, nous disent-elle, est une mère généreuse et inlassable. Son essence est sagesse et harmonie, car elle a pour principe et pour fin la toute perfection.

    Les productions effrayantes, démesurées auxquelles nous assistons ont leur place dans le jeu de l’Univers. Elles portent d’ailleurs en elle une grandeur et une beauté que l’on peut et que l’on doit admirer sans se laisser fasciner par elle comme par un jeu vidéo… Lorsqu’elles auront achevé leur rôle éphémère, lorsque la griserie sera tombée et que les yeux se seront éclaircis, un rythme nouveau, celui du premier jour, s’établira ; la Sagesse fera entendre sa voie enfantine que domine aujourd’hui le vacarme des mécaniques et l’engouement immodéré pour l’informatique ; ses préceptes sans âge retrouveront leur force et leur évidence ; ainsi guidé, l’homme réapprendra à se connaître et, du même coup, à reconnaître l’univers et les dieux.

     

    Avec toute mon amitié.

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  • LES COLONNES maçonniques

    A l’entrée du temple maçonnique se trouvent deux colonnes. L’une s’appelle Jachin l’autre Boaz.

    Ces deux piliers figurent aussi sur deux  tableaux  d’études regroupant les symboles que les néophytes étudient dès leur entrée en maçonnerie. C’est là d’ailleurs l’essentiel de leur formation sous la férule d’un « maitre » plus ou moins compétant.

    J’emploie les termes « plus ou moins » dans le sens ou sur le plan spirituel leur formation reste de bonne volonté certes, mais théorique (les mots, les mots, rien que les mots) et donc essentiellement caduque comme le sont, dans les églises, les homélies et les bons conseils des prêtres.

    Le « choc » affectif lors d’un rituel n’est pas l’éveil, comme, par exemple, celui provoqué par la pratique du Za Zen, selon les règles du bouddhisme Tchan, lors de sa diffusion au Japon.

    La formation maçonnique m’apparaît (c’est une perception personnelle !) comme une suite de prises de conscience aussi éphémère que peu profonde. Ces affections superficielles de l’être sont de véritables mirages, qui (toujours à mon avis) s’évaporent, comme une buée sur une vitre. Ces fantômes évanescents ne sauraient constituer un solide substrat servant d’assise à une progression spirituelle cohérente et fructueuse.

    N’en doutez pas. Je ne cherche qu’à comprendre et non à casser du sucre sur l’honorabilité des experts de la truelle ou des amoureux de la rose.

    Malheureusement les filiations biaisées sont quasiment impossible à redresser car branchées sur un « tout à l’égo » auquel il est difficile d’échapper à moins d’être solidement formé.

    Non on ne met pas l’égo à sa vraie place en racontant que l’on est humble ou décidé à l’être, ou encore si l’on se sent profondément bon, puisque la porte du temple ne s’ouvre qu’aux nuls.

    De toute manière cela est un mal sociétal (comme les snobs inventifs disent maintenant) que l’on retrouve dans TOUS les centres initiatiques telles les diverses société rosicruciennes ou kabbalistiques.

    Le premier tableau est celui d’apprenti. C’est un panneau d’étude pour celles et ceux qui viennent d’entrer en maçonnerie.

    Le second est celui de compagnon qui est la suite du premier.

    Evidemment ces représentations des deux tableaux sont différentes et sont l’objet  de l’étude fondamentale en franc Maçonnerie.

    Dans le cursus d’étude du parfait franc Maçon se trouve aussi l’audition des exposés ou « planche » que chaque frère fait en public et que chacun se doit d’écouter religieusement. Malheureusement il n’y a là aucune structure définissant un enseignement cohérant et donc sérieux puisque les sujets traités sont le fruit du hasard lié à la culture de chacun. Ainsi va leur formation dans les centre d’étude que l’on appelle Loge bleu.

    Evidemment n’étant pas franc Maçon, mais seulement « historien » de l’alchimie initiatique et pratique au laboratoire, je puis me leurrer. Je ne demande qu’à « rectifier le tir » pour éviter de regrettables malentendus.

    Pour un franc Maçon, apprendre le symbolisme théorique, analogique, des tableaux est donc essentiel, car ils sont liés au rituel.

    En ce sens on peut dire que les tableaux sont le « catéchisme » maçonnique. Cela fut compris par le baron de Tchoudy dans sa rédaction d’un catéchisme appelé l’étoile flamboyante (voir le texte original dans Tous les rituels alchimiques du baron de Tchoudy, éditions Arma Artis) qui fut abondement expurgé des manipulations alchimiques par Oswald Wirth, dont les ouvrages le tarot des imagiers du moyen âge et surtout Le symbolisme Hermétique dans ses rapports avec l’alchimie et la franc-maçonnerie est des plus expressif quant aux dérives, concernant l‘alchimie, des « pontes » de l’honorable société.

    Ce genre de rejet se retrouve jusque dans la prose, cousue main, de l’inébranlable René Guénon siégeant aux cieux de l’étoile flamboyante. Son argumentaire aussi habile que tendancieux est tel que l’alchimiste Eugène Canseliet excédé ne put juguler son courroux dans son ouvrage l’alchimie Expliquée dans ses textes classiques.

    Dans la Bible le premier livre des Rois (Chapitre VII) stipule que :

    « Il y avait sur le sommet des colonnes un travail figurant des lis. »

    Ces fleurs de lis nous les retrouvons sur le chapiteau des colonnes représentées dans le tableau d’apprenti.

    Cependant dans le tableau du grade suivant ou celui des compagnons il n’en est plus de même car le chapiteau ne porte plus des fleurs de lis mais une sphère.

    Signalons en passant que le soleil correspond à la colonne Jachin et la lune à Boaz. En d’autres termes au soufre (soleil) et au mercure (lune). Nous sommes donc là en pleine symbolique alchimique puisque la matière première est constituée de soufre et de mercure.

    Donc les piliers représentent le résultat du labeur alchimique. En d’autres termes la pierre blanche et la pierre rouge.

    De ce fait la couleur de Jachin est le rouge et celle de boaz est blanche.

    Cela signifie que tout individu entrant dans le temple se doit de préparer au laboratoire l’élixir blanc et l’élixir rouge.

    Pour y parvenir il doit connaitre l’acacia dont les boules d’or sont significatives. Quant il connait les particularités de ce végétal, alors grâce à lui il peut préparer une substance blanche d’odeur agréable comme celle de la fleur de lis. Son nom alchimique est cabalistique. Il provient du mot « lis » qui lu à l’envers donne « sil » avec voyelle permutante qui n’est autre que le « sal » ou « sel » avec la nécessaire action du soleil (l’alchimie est appelée « œuvre du soleil ») ou « sol » qui est aussi le sol ou terre à labourer (matière première) que le soleil féconde. Quant à « sul » c’est le terme italien analogue au mot « sur » montrant par là que le « sel » alchimique est capable de passer au-dessus du chapiteau d’une colonne à distiller ou simplement de celui d’un cornue. Telle est la raison de la présence de la fleur de lis blanche sur le chapiteau d’une colonne.

    Connaitre le rôle de l’acacia est donc fondamental pour obtenir la maitrise du grand œuvre et pouvoir entrer dans le temple.

    Si l’acacia est méconnu le rituel n’a aucun sens. Il a perdu toute dimension initiatique et aucune maîtrise ne saurait être décernée.

    L’expression « l’acacia m’est connu » est la première clé du grand œuvre alchimique nécessaire pour tailler la pierre philosophale. Soyez en sur, Il ne s’agit pas là d’une affirmation creuse d’une simple vue de l’esprit.

    Cette substance blanche (cristallisée) et odorante ou « sel » est issue de l’acacia qui ne saurait être mieux représentée par le lys blanc. Nous saisissons là l’importance de la présence de cette fleur dans le blason des rois de France symbole de tous pouvoirs.

    La tradition maçonnique dit que pour entrer dans le temple il faut laisser le métal (ou les métaux). Le sens de cette phrase n’est autre que « l’abandon du mental ». Je signale en passant que cet abandon est incompatible avec la spéculation symbolique…

    Donc l’entrée dans le temple doit se faire dans un silence mental total. Ce genre de silence, qui permet de saisir le sens des symboles d’une manière immédiate et sure, ne s’acquiert pas sans préparation préalable à l’extérieur du temple. Telle sont les premier pas de l’apprenti pour qu’il puisse passer entre les colonnes de la porte d’entrée ; et non se plier à l’imposition d’un silence verbal qui n’est qu’une caricature.

    Remarquons que les métaux sont associés à « sulfure » une expression du vocabulaire Maçonnique qui désigne un presse papier. Cette appellation est significative de la dimension alchimique de la franc Maçonnerie. Le soufre possède cette particularité d’attirer et de retenir les métaux. Quand il attire le plomb il forme la galène. Si c’est le fer c’est la pyrite (l’or des fous) quand il attire le mercure c’est le cinabre… Le soufre retient donc les métaux comme le presse-papier retient les feuilles.

    La particularité du soufre alchimiquement préparé est d’absorber les métaux (la souffrance fait taire le mental).

    Ceci étant dit, passons au tableau de compagnon qui comporte lui aussi les deux colonnes avec cependant une différence importante : Sur le chapiteau, à la place des fleurs de lis se trouve une sphère.

    Voici ce qu’écrit Jules Boucher (La symbolique maçonnique) en qualité de d’incorrigible spéculateur dont le côté « tiré par les cheveux » n’échappe à personne car le compas qui trace des sphères reste à inventer:

    « Les sphères, qui peuvent être céleste et terrestre, la première étant placée sur la colonne Jachin et le seconde sur la colonne Boaz, marquent, en même temps que l’universalité, l’usage du compas – non seulement dans le plan mais aussi dans l’espace – dont le compagnon doit acquérir la maitrise. » (Page 247 de l’édition 1948)

    Le compagnon doit donc apprendre à tracer des sphères avec un compas. Personnellement je ne partage pas l’importance de ce genre d’apprentissage même si le compagnon doit maitriser la géométrie dans l’espace pour élaborer son chef-d’œuvre.

    Dans ce genre d’explications, hélas monnaie courante en Maçonnerie, la dimension alchimique des sphères ne peut qu’être ignorée car elles se manifestent au laboratoire dans le haut du ballon.

    Comme le laboratoire alchimique est considéré comme une fumisterie, c’est un aspect totalement passé sous silence sous les hurlements d’indignation des thuriféraires de René Guénon.

    Dans le ballon de verre de l’alchimiste les sphères sont en réalité des billes dont la formation caractérise le tout début de la phase dite « solve ». Fulcanelli le traduit fort bien en ses demeures philosophales:

    « L’effervescence passé et le calme rétabli, vous pourrez jouir d’un magnifique spectacle. Sur une mer de feu, des îlots solides se forment, surnagent, animés de mouvements lents, prennent et quittent une infinité de vives couleurs ; leur surface se boursoufle, crèvent au centre et les fait ressembler à de minuscules volcans. Ils disparaissent ensuite pour laisser place à de jolie billes vertes, transparentes, qui tournent rapidement sur elle-même, roulent, de heurtent et semblent se pourchasser, au milieu des flammes multicolores, des reflets irisés du bain incandescent. » p 279 édition 1964.

    Kamala Jnana traduit également, en 1961, la formation de ces volcans et sphères en son Dictionnaire de philosophie alchimique. L’énergie nucléaire étant connue, contrairement à l’époque ou écrivait Fulcanelli, l’adepte exprime le phénomène d’une autre manière mais étonnement similaires.

    « La puissance qui s’extériorise alors alors est si forte, que si l’on n’a pas pris la précaution de laisser les 2/3 du vase vide, le vase expose bruyamment sous la poussée des gaz.

    Personnellement, nous sommes persuadé que c’est une réaction chimique naturelle de ce genre, qui produit les tremblements de terre, les explosions volcaniques, les jets de lave en fusion, etc.

    D’ailleurs l’examen d’une photo (prise à ce moment là) montre deux aspects bien distincts :

    a)    La présence énergétique de champignons gazeux, semblables à des champignons atomiques.

    b)    La formation de dizaines de bulles translucides gazeuses, qui, en se refroidissant deviendrons les granulations. »

    Nous voyons donc que tous les alchimistes sont d’accord pour donner un sens bien précis à la présence des sphères, au sommet des colonnes, illustrant le tableau de compagnon. P. 15.

    L’alchimie étant œuvre de feu, il est donc nécessaire d’être prudent ainsi que le spécifie Kamala Jnana en son même dictionnaire :

    « Nous recommandons donc instamment à tous les chercheurs, d’être extrêmement prudents lors de leurs manipulations, car sans aller jusqu’au danger d’explosion, le danger de brûlure existe en permanence… Nous avons vu un flacon de Pyrex rougir sous nos yeux et brûler complètement un linge sur lequel il était posé. » P. 15.

    En résumé le « sel » alchimique des fleurs de lis du tableau d’apprenti est nécessaire pour pouvoir préparer les sphères du tableau de compagnon.

    Une dernière remarque : les sphères sont la manifestation d’une mémoire des origines enfouie au sein de toute matière qui s’exprime par image. D’où le terme de « mondification » (ou recréation de mondes) parfois employé par les alchimistes pour désigner les petites sphères qui tournent sur elle-même au-dessus du bain incandescent.

    J’ai fais de mon mieux pour essayer de traduire mon opinion sur les deux colonnes… Il reste tellement de choses à dire que j’y reviendrais un jour.

    Avec toute mon amitié.

     

     

     

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  • LE MIRAGE DES SYMBOLES ESOTERIQUES

    Dans cet article je suis obligé d’être parfois quelque peu abstrait. J’ai fais de mon mieux dans la simplification sans trahir les fondements du symbolisme.

    Aucun domaine de la connaissance  n’est plus difficile à cerner que le processus de symbolisation. Prétendre étudier tous les aspects du symbolisme ésotérique serait une entreprise irréalisable car sa substructure repose sur des fondements psychiques qui échappent à la plupart des ésotéristes qui se cantonnent le plus souvent, à une dimension strictement matérialiste reposant sur l’analogie de forme ou de sonorité (phonétique).

    Une chose est certaine : dans le domaine de la symbolique il n’y a pas de code général de déchiffrement mais des codes particuliers selon les domaines de connaissances dans lequel il s’applique. Ainsi le symbolisme maçonnique n’est pas le même que le symbolisme alchimique. Cela n’empêche que des termes maçonniques soient empruntés à l’alchimie et vice-versa.

    Il existe donc des « ponts » qui n’en sont pas entre différents domaines de l’ésotérisme. Ajoutons  à cela une certaine mode teinté de snobisme que des écrivains à succès, mais inexpérimentés, rependent abondement et le symbolisme ésotérique prend l’allure d’un clafoutis indigeste.

    Un symbole ne signifie pas : il indique, évoque, focalise, assemble et concentre, de façon analogiquement polyvalente, une multiplicité de sens qui ne se réduisent pas à une seule signification ni à quelques-unes seulement.

    Tout dépend étroitement du contexte dans lequel IL se situe. Ainsi celui inscrit sur le mur d’une église, d’un temple maçonnique ou d’un laboratoire d’alchimiste n’aura pas le même sens.

    Une note de musique n’a pas non plus un sens déterminé une fois pour toute, bien qu’elle ne soit pas quelconque. Elle dépend aussi étroitement de son contexte rythmique et sonore que le symbole dépend du contexte rituélique (pour l’Eglise et la Franc maçonnerie) ou manipulatoire (pour l‘alchimie) qui lui est associé.

    Le symbolisme en général n’existe pas. Car le symbole sans contexte est un électron libre et insaisissable même par la physique quantique. L’électron libre comme le symbole général ne se situe que dans un « nuage » de probabilités.

    D’une manière globale, pénétrer dans le monde des symboles ésotériques c’est essayer de percevoir des vibrations harmoniques et, en quelque sorte, de deviner une musique de l’univers. C’est cette musique qui est essentielle. On l’entend ou on ne l’entend pas. Il ne faut pas seulement de l’intuition mais aussi un sens inné de l’analogie, un don que l’on peut développer par l’exercice mais qui ne s’acquiert pas.

    Il faut dire ici que ceux qui s’aventurent dans la voie de l’ésotérisme ont généralement ce don qui ne demande qu’à éclore. Mais suivant la voie choisie fleurira une rose ou un chardon.

    Le chardon c’est un intellectualisme sec à cent lieux de la musique de l’univers. La symbolique maçonnique joue souvent sur ce registre. Cela est Normal, puisque essentiellement axée sur le développement personnel que prônent leurs symboles (comme « tailler la pierre », c’est-à-dire façonner l’homme) ne riment pas avec impersonnel, ce qui coupe des fréquences universelles.

    Donc il y a une « oreille symbolique » comme il y a une « oreille musicale » et qui est partiellement indépendante du degré du degré d’évolution culturelle des individus.

    Evidement, dans toute étude symbolique il est facile de faire fleurir un chardon. Nous y sommes aidés par le néo cartésianisme  et le développement technologique.

    C’est donc à nous de savoir si nous préférons le bruit des machines à la musique de l’univers.

    Le symbolisme sec c’est celui qui enivre et endors. Le symbolisme universel c’est celui qui fait danser avec les mots et les forme qui nous délivrent, en se rassemblant, non un message en NOTRE langage mais en celui de l’Univers. Les artistes et les mélomanes devinent ce que j’essaye d’exprimer.

    Ainsi va la parole perdue qui est celle de cet esprit. Esprit dont le Christ dit aux apôtres qu’il les enseignera.

     

    Avec toute mon amitié.

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