• LES COLONNES maçonniques

    LES COLONNES maçonniques

    A l’entrée du temple maçonnique se trouvent deux colonnes. L’une s’appelle Jachin l’autre Boaz.

    Ces deux piliers figurent aussi sur deux  tableaux  d’études regroupant les symboles que les néophytes étudient dès leur entrée en maçonnerie. C’est là d’ailleurs l’essentiel de leur formation sous la férule d’un « maitre » plus ou moins compétant.

    J’emploie les termes « plus ou moins » dans le sens ou sur le plan spirituel leur formation reste de bonne volonté certes, mais théorique (les mots, les mots, rien que les mots) et donc essentiellement caduque comme le sont, dans les églises, les homélies et les bons conseils des prêtres.

    Le « choc » affectif lors d’un rituel n’est pas l’éveil, comme, par exemple, celui provoqué par la pratique du Za Zen, selon les règles du bouddhisme Tchan, lors de sa diffusion au Japon.

    La formation maçonnique m’apparaît (c’est une perception personnelle !) comme une suite de prises de conscience aussi éphémère que peu profonde. Ces affections superficielles de l’être sont de véritables mirages, qui (toujours à mon avis) s’évaporent, comme une buée sur une vitre. Ces fantômes évanescents ne sauraient constituer un solide substrat servant d’assise à une progression spirituelle cohérente et fructueuse.

    N’en doutez pas. Je ne cherche qu’à comprendre et non à casser du sucre sur l’honorabilité des experts de la truelle ou des amoureux de la rose.

    Malheureusement les filiations biaisées sont quasiment impossible à redresser car branchées sur un « tout à l’égo » auquel il est difficile d’échapper à moins d’être solidement formé.

    Non on ne met pas l’égo à sa vraie place en racontant que l’on est humble ou décidé à l’être, ou encore si l’on se sent profondément bon, puisque la porte du temple ne s’ouvre qu’aux nuls.

    De toute manière cela est un mal sociétal (comme les snobs inventifs disent maintenant) que l’on retrouve dans TOUS les centres initiatiques telles les diverses société rosicruciennes ou kabbalistiques.

    Le premier tableau est celui d’apprenti. C’est un panneau d’étude pour celles et ceux qui viennent d’entrer en maçonnerie.

    Le second est celui de compagnon qui est la suite du premier.

    Evidemment ces représentations des deux tableaux sont différentes et sont l’objet  de l’étude fondamentale en franc Maçonnerie.

    Dans le cursus d’étude du parfait franc Maçon se trouve aussi l’audition des exposés ou « planche » que chaque frère fait en public et que chacun se doit d’écouter religieusement. Malheureusement il n’y a là aucune structure définissant un enseignement cohérant et donc sérieux puisque les sujets traités sont le fruit du hasard lié à la culture de chacun. Ainsi va leur formation dans les centre d’étude que l’on appelle Loge bleu.

    Evidemment n’étant pas franc Maçon, mais seulement « historien » de l’alchimie initiatique et pratique au laboratoire, je puis me leurrer. Je ne demande qu’à « rectifier le tir » pour éviter de regrettables malentendus.

    Pour un franc Maçon, apprendre le symbolisme théorique, analogique, des tableaux est donc essentiel, car ils sont liés au rituel.

    En ce sens on peut dire que les tableaux sont le « catéchisme » maçonnique. Cela fut compris par le baron de Tchoudy dans sa rédaction d’un catéchisme appelé l’étoile flamboyante (voir le texte original dans Tous les rituels alchimiques du baron de Tchoudy, éditions Arma Artis) qui fut abondement expurgé des manipulations alchimiques par Oswald Wirth, dont les ouvrages le tarot des imagiers du moyen âge et surtout Le symbolisme Hermétique dans ses rapports avec l’alchimie et la franc-maçonnerie est des plus expressif quant aux dérives, concernant l‘alchimie, des « pontes » de l’honorable société.

    Ce genre de rejet se retrouve jusque dans la prose, cousue main, de l’inébranlable René Guénon siégeant aux cieux de l’étoile flamboyante. Son argumentaire aussi habile que tendancieux est tel que l’alchimiste Eugène Canseliet excédé ne put juguler son courroux dans son ouvrage l’alchimie Expliquée dans ses textes classiques.

    Dans la Bible le premier livre des Rois (Chapitre VII) stipule que :

    « Il y avait sur le sommet des colonnes un travail figurant des lis. »

    Ces fleurs de lis nous les retrouvons sur le chapiteau des colonnes représentées dans le tableau d’apprenti.

    Cependant dans le tableau du grade suivant ou celui des compagnons il n’en est plus de même car le chapiteau ne porte plus des fleurs de lis mais une sphère.

    Signalons en passant que le soleil correspond à la colonne Jachin et la lune à Boaz. En d’autres termes au soufre (soleil) et au mercure (lune). Nous sommes donc là en pleine symbolique alchimique puisque la matière première est constituée de soufre et de mercure.

    Donc les piliers représentent le résultat du labeur alchimique. En d’autres termes la pierre blanche et la pierre rouge.

    De ce fait la couleur de Jachin est le rouge et celle de boaz est blanche.

    Cela signifie que tout individu entrant dans le temple se doit de préparer au laboratoire l’élixir blanc et l’élixir rouge.

    Pour y parvenir il doit connaitre l’acacia dont les boules d’or sont significatives. Quant il connait les particularités de ce végétal, alors grâce à lui il peut préparer une substance blanche d’odeur agréable comme celle de la fleur de lis. Son nom alchimique est cabalistique. Il provient du mot « lis » qui lu à l’envers donne « sil » avec voyelle permutante qui n’est autre que le « sal » ou « sel » avec la nécessaire action du soleil (l’alchimie est appelée « œuvre du soleil ») ou « sol » qui est aussi le sol ou terre à labourer (matière première) que le soleil féconde. Quant à « sul » c’est le terme italien analogue au mot « sur » montrant par là que le « sel » alchimique est capable de passer au-dessus du chapiteau d’une colonne à distiller ou simplement de celui d’un cornue. Telle est la raison de la présence de la fleur de lis blanche sur le chapiteau d’une colonne.

    Connaitre le rôle de l’acacia est donc fondamental pour obtenir la maitrise du grand œuvre et pouvoir entrer dans le temple.

    Si l’acacia est méconnu le rituel n’a aucun sens. Il a perdu toute dimension initiatique et aucune maîtrise ne saurait être décernée.

    L’expression « l’acacia m’est connu » est la première clé du grand œuvre alchimique nécessaire pour tailler la pierre philosophale. Soyez en sur, Il ne s’agit pas là d’une affirmation creuse d’une simple vue de l’esprit.

    Cette substance blanche (cristallisée) et odorante ou « sel » est issue de l’acacia qui ne saurait être mieux représentée par le lys blanc. Nous saisissons là l’importance de la présence de cette fleur dans le blason des rois de France symbole de tous pouvoirs.

    La tradition maçonnique dit que pour entrer dans le temple il faut laisser le métal (ou les métaux). Le sens de cette phrase n’est autre que « l’abandon du mental ». Je signale en passant que cet abandon est incompatible avec la spéculation symbolique…

    Donc l’entrée dans le temple doit se faire dans un silence mental total. Ce genre de silence, qui permet de saisir le sens des symboles d’une manière immédiate et sure, ne s’acquiert pas sans préparation préalable à l’extérieur du temple. Telle sont les premier pas de l’apprenti pour qu’il puisse passer entre les colonnes de la porte d’entrée ; et non se plier à l’imposition d’un silence verbal qui n’est qu’une caricature.

    Remarquons que les métaux sont associés à « sulfure » une expression du vocabulaire Maçonnique qui désigne un presse papier. Cette appellation est significative de la dimension alchimique de la franc Maçonnerie. Le soufre possède cette particularité d’attirer et de retenir les métaux. Quand il attire le plomb il forme la galène. Si c’est le fer c’est la pyrite (l’or des fous) quand il attire le mercure c’est le cinabre… Le soufre retient donc les métaux comme le presse-papier retient les feuilles.

    La particularité du soufre alchimiquement préparé est d’absorber les métaux (la souffrance fait taire le mental).

    Ceci étant dit, passons au tableau de compagnon qui comporte lui aussi les deux colonnes avec cependant une différence importante : Sur le chapiteau, à la place des fleurs de lis se trouve une sphère.

    Voici ce qu’écrit Jules Boucher (La symbolique maçonnique) en qualité de d’incorrigible spéculateur dont le côté « tiré par les cheveux » n’échappe à personne car le compas qui trace des sphères reste à inventer:

    « Les sphères, qui peuvent être céleste et terrestre, la première étant placée sur la colonne Jachin et le seconde sur la colonne Boaz, marquent, en même temps que l’universalité, l’usage du compas – non seulement dans le plan mais aussi dans l’espace – dont le compagnon doit acquérir la maitrise. » (Page 247 de l’édition 1948)

    Le compagnon doit donc apprendre à tracer des sphères avec un compas. Personnellement je ne partage pas l’importance de ce genre d’apprentissage même si le compagnon doit maitriser la géométrie dans l’espace pour élaborer son chef-d’œuvre.

    Dans ce genre d’explications, hélas monnaie courante en Maçonnerie, la dimension alchimique des sphères ne peut qu’être ignorée car elles se manifestent au laboratoire dans le haut du ballon.

    Comme le laboratoire alchimique est considéré comme une fumisterie, c’est un aspect totalement passé sous silence sous les hurlements d’indignation des thuriféraires de René Guénon.

    Dans le ballon de verre de l’alchimiste les sphères sont en réalité des billes dont la formation caractérise le tout début de la phase dite « solve ». Fulcanelli le traduit fort bien en ses demeures philosophales:

    « L’effervescence passé et le calme rétabli, vous pourrez jouir d’un magnifique spectacle. Sur une mer de feu, des îlots solides se forment, surnagent, animés de mouvements lents, prennent et quittent une infinité de vives couleurs ; leur surface se boursoufle, crèvent au centre et les fait ressembler à de minuscules volcans. Ils disparaissent ensuite pour laisser place à de jolie billes vertes, transparentes, qui tournent rapidement sur elle-même, roulent, de heurtent et semblent se pourchasser, au milieu des flammes multicolores, des reflets irisés du bain incandescent. » p 279 édition 1964.

    Kamala Jnana traduit également, en 1961, la formation de ces volcans et sphères en son Dictionnaire de philosophie alchimique. L’énergie nucléaire étant connue, contrairement à l’époque ou écrivait Fulcanelli, l’adepte exprime le phénomène d’une autre manière mais étonnement similaires.

    « La puissance qui s’extériorise alors alors est si forte, que si l’on n’a pas pris la précaution de laisser les 2/3 du vase vide, le vase expose bruyamment sous la poussée des gaz.

    Personnellement, nous sommes persuadé que c’est une réaction chimique naturelle de ce genre, qui produit les tremblements de terre, les explosions volcaniques, les jets de lave en fusion, etc.

    D’ailleurs l’examen d’une photo (prise à ce moment là) montre deux aspects bien distincts :

    a)    La présence énergétique de champignons gazeux, semblables à des champignons atomiques.

    b)    La formation de dizaines de bulles translucides gazeuses, qui, en se refroidissant deviendrons les granulations. »

    Nous voyons donc que tous les alchimistes sont d’accord pour donner un sens bien précis à la présence des sphères, au sommet des colonnes, illustrant le tableau de compagnon. P. 15.

    L’alchimie étant œuvre de feu, il est donc nécessaire d’être prudent ainsi que le spécifie Kamala Jnana en son même dictionnaire :

    « Nous recommandons donc instamment à tous les chercheurs, d’être extrêmement prudents lors de leurs manipulations, car sans aller jusqu’au danger d’explosion, le danger de brûlure existe en permanence… Nous avons vu un flacon de Pyrex rougir sous nos yeux et brûler complètement un linge sur lequel il était posé. » P. 15.

    En résumé le « sel » alchimique des fleurs de lis du tableau d’apprenti est nécessaire pour pouvoir préparer les sphères du tableau de compagnon.

    Une dernière remarque : les sphères sont la manifestation d’une mémoire des origines enfouie au sein de toute matière qui s’exprime par image. D’où le terme de « mondification » (ou recréation de mondes) parfois employé par les alchimistes pour désigner les petites sphères qui tournent sur elle-même au-dessus du bain incandescent.

    J’ai fais de mon mieux pour essayer de traduire mon opinion sur les deux colonnes… Il reste tellement de choses à dire que j’y reviendrais un jour.

    Avec toute mon amitié.

     

     

     

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