• AMOUR, HAINE ET CROYANCE.

    AMOUR, HAINE ET CROYANCE.

    Dessin provenant d'un échange sur internet. Spécifions bien que je n'en suis pas l'auteur et qu'il n'est présent dans cet article que provisoirement. Merci à l'auteur.

    Si l’alchimie est science de l’Esprit et de la Vie, le premier pas du Grand Œuvre est la libération de l’Esprit qui est en nous et hors de nous pour enfin apprendre à vivre réellement et, au-delà de toute technique de laboratoire, d’accéder humblement au pouvoir de « vitaliser » la matière qui couronne tout Adepte. Tout Adepte couronné a mis un point final à la gloriole du monde pour découvrir ce qu’est la gloire.

    L’amour et la haine, voila deux contraires aussi puissant l’un que l’autre, à la manière d’une marée haute et d’une marée basse. Flux et reflux qui ont fait couler beaucoup d’encre et hélas beaucoup de sang aussi.

    Case blanche et case noire de l’échiquier… Deux antipodes de l’élan du cœur, allant de la tendresse à la violence sanguinaire. Deux pôles opposés souvent mal situés, mal compris et devenus aussi mortifères l’un que l’autre.

    « L’amour et la haine, ces deux catastrophes nées d’un mauvais fonctionnement du psychisme humain » disait, il y a bien longtemps, le vieux Sou-Tchien.

    De cette déclaration et de quelques autres de la même eau est issu la réputation de sècheresse et de dureté de ceux que nous pouvons appeler, sans restriction, des initiés. J’ai entendu comparer, en aparté, l’amabilité de ces êtres réalisés à celle d’une « porte de prison » !  Ils sont accusés de refuser la bonté et la compassion émanant de l’amour chrétien et aussi de celui, beaucoup plus profond, de ces « hérétiques » du sud de la France, que furent les Cathares.

    Pour certains Orientaux, et surtout beaucoup d’orientaliste Occidentaux, l’amour d’un éveillé ne manifesterait pas cette miséricorde et compassion des  bouddhistes.

    Que les choses soient claires : non, cent fois non, les adeptes formés par Métanoïa[1] (ou ailleurs) ne refusent pas la bonté la compassion et la bienveillance de l’amour. Affirmer le contraire est erroné. C’est une médisance grave qui frise la calomnie.

    Cependant il est vrai que, strictement parlant, l’humain éveillé, l’homme véritable  (tchen jen pour les Chinois[2]), ignore, ce que l’humain non libéré nomme l’« amour » et la haine.

    Je dois préciser, et souligner trois fois, qu’il en est ainsi de tout humain éveillé, quelle que soit son obédience, qu’il soit passé par Métanoîa ou par ailleurs.

    La confusion repose sur l’utilisation d’un langage différent.

    Vous commencez à le comprendre et peut-être, pour peu que vous pratiquiez avec quelque régularité les exercices que je vous propose, vous commencez à le ressentir :

    Le « moi » – S’OPPOSANT A L’UNIVERSEL ET FONCIEREMENT DIFFERENT DE CET UNIVERSEL – n’existe pas : « je » suis aussi l’autre – ou n’importe quel objet. Cela, l’humain éveillé le ressent de façon intense, permanente, décisive[3]. 

     

    Comparons, de façon inexacte mais faisant image, l’homme éveillé au « cerveau qui pense » et tel autre individu à la main faisant partie du corps auquel appartient ce cerveau.

    A supposé qu’atteint d’arthrite, votre main vous fasse souffrir, la haïriez-vous ? Cela se produit quelque fois chez des personnes dont la souffrance est particulièrement forte. Mais ces personnes reconnaissent volontiers et sans difficulté que leur « haine » est absurde, pathologique, dictée par une souffrance qui les empêche de raisonner sainement. D’autre part, votre main est, en soi, un outil admirable. Votre cerveau pensant va-t-il, pour autant, aimer cette main de façon exclusive ? Va-t-il lui composer des odes et lui chanter des sérénades ? Certainement pas.

    Haïr sa main, tout comme l’aimer exclusivement, est tout aussi absurde…

    De même, L’HUMAIN EVEILLE NE HAÏRA PAS L’HUMAIN NON LIBERE QUI  LE HAIT : la haine, comme l’arthrite, est une maladie. Haïr une maladie et à plus forte raison un malade est absurde.

    Aimer « à en perdre la tête » un autre humain est non moins absurde : il n’y a qu’un « Etre » : l’universel[4].

    Si j’aime de façon débridée un être relatif, apparent, en fait, je m’aime « moi ». C’est du narcissisme[5], une maladie bien connue de l’esprit.

    Il n’en reste pas moins que, sur le plan pratique, l’éveillé admet (mais avec des nuances) ce que l’on appelle ordinairement « amour ». Par amour j’entends : attention particulière. Il est normal, pour un homme, d’accorder plus d’importance à ses mains qu’à sa barbe par exemple : les mains sont utiles, particulièrement vivantes et intelligentes. L’utilité de la barbe est mince[6]. Il est donc logique et normal de préter plus d’attention aux mains qu’au système pileux, ou caractère sexuel secondaire, qui orne le menton masculin (ce qui ne signifie pas, du reste, que sur le plan de l’absolu main prime barbe).

    Il est tout aussi logique de porter intérêt particulier aux « personnes » avec lesquelles nous nous sentons en affinité, et donc de les choyer. Mais en n’oubliant pas l’axiome qui dit : tête, pied, barbe et main n’ont d’existence que relativement au corps.

    On a beaucoup dit que le christianisme et le bouddhisme sont des doctrines d’amour. Si celui du Christianisme s’exprime d’une manière indéfinissable essentiellement axé sur l’humain, allant de la prière à la bonne action avec une tendance à négliger le corps (source de péché) et la nature, celui du Bouddhisme est indifférencié. C’est l’amour pour TOUT. Ce qui revient à dire – pour l’humain non éveillé et donc les croyants d’une religion : d’amour pour rien.

    Métanoïa, même si son enseignement est christocentrique, est, dans la pratique, proche du Bouddhisme. Que les choses soient claires : l‘enseignement de Métanoïa n’est ni du Bouddhisme christianisé ni du Christianisme bouddhique. Métanoïa est une pratique non doctrinaire mais de l’ordre du sacré qui campe les étapes du sacerdoce universel non religieux non religieux dans le sens ou j’entends la religion comme une doctrine bardée de croyances[7]. Cela vous le savez depuis longtemps mais le répéter me semble parfois opportun. Soyons attentif au fait que cela signifie que chaque religieux de n’importe quelle religion devrait avoir appris à relativiser ses croyances et parcouru les étapes proposées par Métanoïa, ou une formation similaire, et être parvenu à l’éveil. Cette remarque est également valable pour cet art sacré, dit aussi art sacerdotal, qu’est l’alchimie[8].

     

     


    [1] Métanoïa est à la fois un terme désignant un changement psychique et un centre initiatique de Montpellier.

    [2] Pour appréhender les relations entre le tchen jen asiatique et l’alchimiste, lire Aspect de l’alchimie traditionnelle de René Alleau. De nombreuses citations éclairent cette étroite parenté. Dans cet ouvrage fondamental pour tout alchimiste. Dans ses pages se trouvent côte à côte des extraits de Zoeime de Panopolis, Bernard le Trévisan ou Dom Pernéty avec Hoang-ti-nei-king, Hoei-nan-Tze ou Tso-wang-Louen. Tous tiennent le même langage. René Alleau, tout comme Fulcanelli, était parvenu à l’Adeptat.

    [3] Cette particularité est en accord total avec la présence de Dieu partout, selon le christianisme, et la présence du Christ en chaque femme ou homme. Le dire est une chose. Le vivre, comme les premiers chrétiens initiés lors de leur parcours des différentes étapes de la hiérarchie d’ordination, en est une autre.

    [4] Les chrétiens diront aussi : Dieu. Telle est, par ailleurs, la raison pour laquelle l’énigmatique, et initié, curé de Rennes le Château dessina dans son « livre de bord » le mot « universel » dans les nuages de l’Esprit, Esprit qui est en tout et est en réalité « Tout en tout ». Tel est le sens profond de l’holoscopie.

    [5] Le mot narcissisme dérive de Narcisse, jeune homme qui, d’après la mythologie grecque, serait tombé amoureux de son reflet dans l’eau au point d’en mourir.

    [6] La barbe si elle est portée pour économiser les rasoirs, de plus en plus chers, n’a pas le même sens si elle est portée en qualité d’ornement. Il est à noter que plus un « individu » est sous-développé sur le plan évolutif, plus les ornements ont, pour lui, de l’importance. Que l’on songe aux « arbres de noël » ou costume bardés de pendentifs clinquants des dignitaires de certaines sociétés dites « initiatiques » similaires au goût des bijoux des « croqueuses de diamants », et à celui des décorations et autres fanfreluches, si développé chez les personnes à mentalité infantile. Napoléon n’ignorait pas ce besoin primaire (y compris chez les individus cultivés) en créant la palme académique et la légion d’honneur.

    [7] Paradoxalement (pour beaucoup de chrétiens actuels) le sacerdoce, tel qu’il est envisagé ici, consiste à instruire des religieux chrétiens inaccessibles à toute croyance. Bref, ces  « non croyants chrétiens », doivent être capables d’enseigner les fondements de la mystique et de la symbolique, des rituels, en pratiquant  une pédagogie ignorant tous formatages afin de favoriser l’éveil, et la libération, du plus grand nombre. C’est cela l’essentiel de leur magistère au sein du christianisme universel, cosmique.

    [8] Remarquons en passant que les « alchimistes » qui œuvrent uniquement au laboratoire n’ont aucune chance de réussi, mais beaucoup de chance d’induire les chercheurs débutants en erreur, ce qui est un péché, impardonnable, dit la Bible, contre l’Esprit.

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  • Commentaires

    1
    La dame aux pommes
    Dimanche 9 Février 2014 à 16:52

    "...Il est à noter que plus un « individu » est sous-développé sur le plan évolutif, plus les ornements ont, pour lui, de l’importance ...etc ..."

    J'ai pensé de cette manière aussi pendant très longtemps (peut-être sans penser qu'un individu soit sous-développé, tout simplement parce qu'en en ayant connus quelques uns  qui se croyaient  plus développés dans un sens et l'étaient sur d'autres plans tellement moins, ceci compensant parfois cela, je ne pouvais donc pas catégoriser de cette manière) , je le pense encore bien sûr d'une certaine façon face au maintien de l'essentiel dans un monde envahi en fanfreluches ridicules de toutes sortes.
    Ce qui ne veut pas non plus dire que les occidentaux assis sur zafu, dans un cadre soft et minimaliste et déguisés de kimono zen ne tiennent pas ce monde par la main: ils ont simplement le grand avantage de nous donner accès à un espace de l'esprit dégagé de tout cela, ils répondent à un besoin fondamental de personnes sincères .
    Je voudrais juste dire que cependant  il ne faudrait pas en arriver à exclure ce que l'on pourrait appeler les qualités florales de l'esprit. je ne sais plus exactement le terme, mais Jung parle de cet esprit floral tout oriental, cela m'avait marqué quand j'avais une vingtaine d'années, et puis plus tard en lissant des textes sur l'esprit de l'ornementation fleurie du bouddisme mahayaniste. Bref, il y a aussi tant de grâce dans ce qui "enveloppe" le monde, la nature, et dans ce que permet le principe de création, je ne sais pas si je me fais bien comprendre.

    Quand vous dites que l'homme véritable ignore ce que l'homme humain non évéiillé nomme amour et haine, je me demande si pour lui, ce ne serait pas parcequ'il tend à une certaine égalité, une certaine équanimité (que procure la profonde compréhension de l'interdépendance et inter pénétration des phénomènes). 

    Bon, sur ce, plein de bonnes choses, et plus encore.

    Amicalement,

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