• LA TÊTE PARLANTE DES TEMPLIERS

    Dans mon dernier article je signale l’existence d’une tête « parlante », ayant appartenu à un esclave noir antillais. Elle était similaire à celle des Templiers que d’aucun identifient avec le mystérieux baphomet dont l’alchimiste Fulcanelli traite la dimension symbolique en ses Demeures Philosophales.

    Je rapporte, à ce propos, qu’un ecclésiastique : le dominicain Jean-Baptiste Labat, ou père Labat, aurait rapporté, dans son ouvrage monumental Nouveau voyage aux isles de l’Amérique[1] , qu’une tête s’exprimait avec précision sur l’avenir et aussi des phénomènes se déroulant à des milliers de kilomètres à la ronde.

    Ce curieux fait se réalisait sous l’injonction d’un esclave noir condamné pour commerce avec le démon (il fallait s’y attendre !) et ne sachant ni lire ni écrire. Les résultats furent inouïs de précisions… de quoi « énerver » nos para psychologues aveuglés par la méthode scientifique ou qui pataugent dans le rêve.

    Tous ceux qui analysent le « paranormal » (qui est en réalité normal) le font en bon matérialistes néo cartésiens en s’imaginant que ces phénomènes vont livrer leur secret sous les fourches caudines de la méthode scientifique.

    Le concept scientifique est tellement associé à la crédibilité que tout le monde en use et en abuse comme la publicité ou le « scientifiquement prouvé » est devenu vendeur. Tous les « chercheurs » sont plus ou moins matérialistes même s’ils se réclament d’une quelconque spiritualité, bien souvent mal comprise d’ailleurs. Ils étudient les faits, jusqu’aux racines de la physique quantique dont ils ignorent ce qu’elle est. Le mot séduit. Alors cette physique déferle sur la mode et couronne les snobs.

    Comment dire un mot à ceux qui s’écoutent parler ? Le cercle de l’univers se réduit à leurs ronds de jambes. Comment leur dire que les choses sont simples sans qu’ils montrent leurs groins rigolards ?

    Et oui, la démarche initiatique fondamentale est antiscientifique dans le sens ou l’entendent les néo cartésiens[2]. Elle procède trop à rebrousse poil de nos habitudes de penser pour être crédibilisée par nos barbes académiques.

    Ne pas négliger la simplicité en général. Ne pas négliger surtout la simplicité des lois universelles abordées par le versant intuitif et spontané de la pensée holoscopique. Cette pensée capable de trouver une totalité dans un fragment de partie. Tant que l’apprentissage de la non-pensée ne sera pas à l’ordre du jour, la pieuvre de l’ego nous retiendra dans notre petit monde sous-marin…

    Moi, je suis humble. Moi, je suis bon. Moi, je suis charitable, regardez mon œil, il est plein d’amour ! Moi, je suis spirituel…

    Que de mirages issus de la poche d’encre de la pieuvre moi-moi-moi ! Faut bien rigoler parfois de la misère humaine surtout quand celui qui écrit ces méchantes balivernes n’est pas au-dessous du panier. « Rire est le propre de l’homme » nous dit François Rabelais car ce grand homme n’ignorais pas que le rire rend propre… Je vais vous confier un secret : il ne peut pas exister de mystique triste !

     

    Certains on lu mon précédent article ou saint Vincent Depaul dit avoir vu et entendu une tête parler et était capable de le reproduire. Je n’insiste pas beaucoup sur la similarité des procédés entre les tenants des connaissances africaines et celle transmises à Vincent. Ces lectrices et lecteurs m’ont demandé d’approfondir le sujet, de donner des références si possibles. En fait je vais disserter pour me faire plaisir car il y a trop longtemps que j’ai pu écrire un article en toute tranquillité… Inutile d’insister sur le fait que ces deux têtes tirent leur origine du continent africain. Je ne reviendris pas sur la bibliothèque d’Alexandrie et leur succursales que furent les maisons de la sagesse des ismaéliens ou musulmans, juifs et chrétiens étudiaient ensemble…

    Je rappelle le passage de la lettre que Vincent écrivait à son protecteur M. Comet :

    « j'appris pendant mon esclavage de ce vieillard turc à qui je vous ai écrit que je fus vendu, du nombre desquelles curiosités est le commencement, non la totale perfection du miroir d'Archimède ; un ressort artificiel pour faire partir une tête de mort, de laquelle ce misérable se servait pour séduire le peuple, leur disant que son dieu Mahomet lui faisait entendre ses volontés par cette tête et mille autres belles choses géométriques, que j'appris de lui../.. » 

    Certes je ne suis pas sorbonnard dans l’âme mais je vais tenter de donner une image plus précise du sujet car si les têtes bavardes se rencontrent aisément, notamment dans le milieu de l’ésotérisme pontifiant et « pompier », les têtes parlantes sont beaucoup plus rares, surtout quand elles sont séparées de leur corps !  Peut-être faudra-t-il un jour accrédité la légende d’or de Jacques de Voragine ou le pieu auteur décrit certains saints qui se baladent, impromptu, la tête sous le bras ?

    Ma concierge affirme, à bon escient, que la canonisation fait parfois des dégâts. De mauvaises langues disent que, même non canonisée cette dame a perdu la tête. Je ne partage pas leur point de vue car je sais mon amie, au franc parler, d’une intelligence brillante sous le torchon. Souffrez donc que je ne puisse commenter ces propos boulevardiers si expressifs qui ne manquent pas de lucidité pastorale.

    Trêve de badinages. Parfois j’abuse de cet espace de liberté qu’est mon blog. Je me donne une claque, et revenons à nos moutons.

    Qui était donc ce Père Labat, ce dominicain, ce chien de Dieu, comme on appelait ces hommes en blanc qui firent griller les Cathares du midi de la France pour soignaient l’âme, en faisant hurler de douleur le corps torturé ? Chiens féroces, la truffe à l’air, flairant toutes les hérésies, même de pacotille, susceptible d’alimenter un bûcher salvateur.

    Le barbecue humain était leur spécialité. Et ma concierge à l’esprit pratique me souffla un jour à l’oreille qu’ils auraient du s’associer avec des anthropophages.

    Le Père Labat, était à lui seul un monument. Monument d’érudition, d’esprit pratique et inventif et phare intellectuel au sens de l’organisation hors pair. Un être brillant donc qui fut professeur de philosophie et chose beaucoup plus rare à son époque : professeur de mathématique donc, la logique et lui faisaient bon ménage et ne se perdait point dans des approximations qui furent à l’origine du déclin et de la mort de bien des entreprises.

    Notre blanc curé débarqua aux Antilles en 1694 ou il va témoigner d'une prodigieuse activité. Partout où il passait il réformait, construisait, perfectionnait. Journellement il prenait de multiples notes. A partir de celle-ci il tracera une vision des Antilles capitale pour son siècle. Ses témoignages sur la flibuste restent une source essentielle d’une grande importance pour les historiens. Sans son témoignage les pirates et flibustier des Caraïbes nous seraient bien moins connus et les enfants n’aurais jamais pu rêver, avec Tintin, sur le trésor de ce polisson mal intentionné aux prises avec le capitaine Haddock : Rackham le rouge.

    L’histoire de notre blanc inquisiteur est un merveilleux roman qui fait passer du calme conventuel, des moines carillonneurs, au péril des curés artilleurs. Labat embarque sur les voiliers de la flibuster pour rencontrer les canailles, pour échanger courageusement car ces lascars n’ont que faire d’un inquisiteur. Et oui, Labat fréquente les forbans qui écument la mer des Caraïbes, ceux qui dressent les cartes aux trésors qui tissent nos rêves d’enfant.

    Et oui, Labat est un turbulent qui seras chef canonnier en Guadeloupe, qu’il aura fortifiée (la tour dite « Labat » en est un souvenir), et va déguster l’occasion de flanquer une fessée aux Anglais. C’est donc un être haut en couleur, franc buveur[3], mélange d’œnologue, d’ethnologue, d’explorateur, de Vauban, de professeur Tryphon Tounesol et de capitaine Haddock. Il est sabre au clair sur tous les fronts à toutes les occasions !

    Il débarqua tout au nord de la Martinique au village de Macumba ou encore actuellement les habitants parlent de lui avec respect et reconnaissance. En ce lieu, non loin de l’église, est une plaque commémorative de son passage où à sa seule lecture on devine l’ouragan qui habitait cet homme.

     

    Eglise minuscule, trapue, basse sur pate pour résister aux éléments et pourtant pleine de poésie et surtout de surprise.

    L’imposante charpente traduit un véritable langage à la manière des colombages de nos vieilles maisons. Certes, tout cela est récent car les cyclones savent montrer l’impermanence de notre réalité. Mais les Martiniquais sont profondément attaché à leur tradition et ne sauraient trahir ce qui leur fut transmis. Les reconstructions cherchent le plus souvent à restituer ce qui fut détruit par la colère des dieux.

    A la croisée de la nef et du transept est la croix de saint André.

    X des croisements, rayons lumineux, creuset…

    La grande surpris dans cette église est le baptistère grossièrement sculpté dans un bloc de pierre ne pouvant être arraché par les fureurs célestes et à peine bousculé par les tremblements de terre.

     

    Le lourd baptistère et son couvercle de bois qui une fois soulevé réserve à l’hermétiste une surprise.

    Baptistère du père Labat reproduisant le symbole du « sel » alchimique pour exprimer le sel baptismal.

    Notre prêtre était donc de son époque fortement influencé par le Songe de Poliphile, ouvrage du moine vénitien Francesco Colonna transpirant l’alchimie à chaque page ou les espaces sont confondus et se révèlent. Un rêve, une réalité, un rêve dans le rêve traduisent des dimensions qui coexistent et communiquent. Les têtes parlantes en expriment une réalité…

    Mais dans cette église le baptistère à lui seul montre que le père Labat avait une connaissance précise de l’art sacerdotal ou alchimie. Aussi se fit-il un plaisir de rapporter des anecdotes en rapport avec le fameux baphomet des Templiers dont il ne pouvait ignorer l’existence.

    Hélas, la justice de cette époque, comme actuellement à un autre niveau, méprisait la vie[4] en complète opposition avec cette science du vivant qu’est l’alchimie. Mais l’anecdote, que vous attendez, ne saurait pour cela être passée sous silence. La voici donc rapportée par le père Labat :

    « Un négre, convaincu d’être sorcier et de faire parler une petite figure de terre, fut condamné par la justice, nous dit le père Labat, à être brûlé vif. M. Vandel (directeur de la compagnie du Danemark) s’étant trouvé sur son chemin lorsqu’on le menait au supplice lui dit : « Eh bien, tu ne feras plus parler la petite figure, elle est rompue. » Le nègre lui répondit : « Si vous voulez, monsieur, je ferais parler la canne que vous avez à la main. » Cette proposition étonna tout le monde. M. Vandel pria le juge qui était présent de sursoir pour un moment à l’exécution, pour voir si le nègre viendrait à bout de ce qu’il promettait, et, cela ayant été accordé, il donna sa canne au nègre, qui l’ayant plantée en terre et fait quelque cérémonies autour, demanda à M. Vandel ce qu’il voulait savoir »[5]

    Au passage suivant, de cette histoire, le haut commerçant, qui attendait une importante cargaison du Danemark, énumère ses demandes : Le vaisseau était-il parti ? Qui avait embarque ? Quand arrivera-t-il ? Que lui était-il arrivé en cours de route…

    Après avoir réfléchi et s’être livré à nouveau à ses « cérémonies », le Noir, poursuit Labat, dit à monsieur Vandel « d’approcher de sa canne » et qu’il entendrait la réponse à ce qu’il voulait savoir. En effet, M. Vandel s’étant approché entendit une petite voix claire et distincte qui lui dit :

    « Le vaisseau que tu attends est part d’Elseneur un tel jour, c’est un tel qui le commande, il a tels passagers avec lui, tu seras content de sa cargaison, il a souffert un coup de vent en passant le tropique qui lui a rompu son petit hunier et emporté sa voile d’artimon. Il mouillera ici avant trois jours. »

    Le noir ne laissa pas d’être mené au supplice et exécuté, et trois jours après, le vaisseau étant arrivé, « on vérifia à la lettre toute la prédiction ».

    Ainsi donc justice était faite. Mais quelle justice ?

    S’agissait-il d’une voix démoniaque ou de l’au-delà ?[6] Certainement pas car l’homme véritable, celui que les orientaux appellent « tchen jen » est capable d’entendre les évènements et d’être à l’écoute du monde comme Pythagore écoutait la musique des sphères.

    Seul les SIMPLES peuvent y accéder…

    Alors quand certains, haut gradés de sociétés d’ésotérisme se disent « initiés »[7] et parlent de spiritualité, j’ai envi de pleurer sur la misère des hommes et sur ce sorcier sacrifié par la bêtise humaine, comme le furent les Templiers.

    Moralité de papa gâteau: soyez simples et vous ne perdrez ni la tête… ni le cœur.

    Avec toute mon amitié.

     

     


    [1] Cet ouvrage est le récit, en six volumes, de son séjour aux Antilles, entre 1694 et 1707. Réédité en 1931, 1993, 2005 et 2006.

    [2] Bien évidemment il existe des scientifiques qui savent ce que la science veut dir et s’engage sur des sentiers parallèles et fructueux comme ce fut le cas pour Isaac Newton ou Eugène Chevreul.

    [3] Le rhum du père Labat, distillé aux iles Maries Galantes, est célèbre pour ses 59° d’alcool.

    [4] Il est vrai qu’on ne demande pas à la justice de respecter ni la vie ni les hommes, mais d’appliquer les lois avec toute la rigueur. Donc il ne s’agit pas de justice, car la justice qui n’est pas de ce monde. Notre justice relative demande donc une autre apellation.

    [5] Ce passage peut se compulser à la page 123 de l’édition 1931.

    [6] Il y a de fortes chances pour que la quasi-totalité de cette cérémonie, devant la canne, n’ai servie à rien si ce n’est à noyer le geste ou la parole essentielle dans des incantations ou palabres inutiles. Nous retrouvons cette attitude chez les alchimistes et les thaumaturges. Secret et dissimulation de la simplicité vont souvent de pair. La complexité occupe les intelligents… qui savent tout et ne comprennent rien.

    [7] Sachant combien le terme « initié » fleure la prétention, certaines sociétés ésotériques emploient le terme « initiable». Terme neutre qui n’a aucun sens précis. Jeu de mot et insignifiance qui permet de passer entre la tapisserie et le mur sur lequel elle est collée. C’est le comble de la maigreur disions-nous dans nos blagues enfantines.

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  • PROPOS SUR SAINT VINCENT LE SULFUREUX

    Selon ses lettres, envoyées à son bienfaiteur de Comet, Saint Vincent Depaul (son véritable patronyme) aurait été fait prisonnier, en 1605 par des Barbaresques. 

    Il se rendait, par mer, de Marseille à Narbonne. 

    Il aurait été vendu comme esclave à un pécheur, comme il était malade en mer…

    Il fut vendu à un alchimiste, d’une grande bonté et charité, pour entretenir 12 fourneaux et qui lui parlait d’alchimie à loisir. Ce vieillard fabriquait de l’argent et de l’or pour les pauvres.

    Cet échange dura 11 mois, ce qui permit à Vincent de comprendre l’alchimie et la composition de tous les remèdes que fabriquait le vieux sage qui s’adonnait aussi à la spagirie ou fabrication de remèdes guérissant des maladies réputées incurables comme la gravelle ou calculs rénaux.

    Son dernier maître sera un renégat, ou prêtre catholique converti à l’Islam, originaire de Nice, « vivant à la musulmane » qu'il aurait convaincu de se repentir et se sauver avec lui.

    Après deux années d'esclavage, il se serait évadé de Tunis avec ce dernier maître et ses trois femmes. Il les emmena à Rome pour qu'ils se fassent pardonner par le pape.

    Quoi qu’il en soit à son retour il devient prêtre de paroisse et précepteur dans la famille de Gondi, l’amiral des galères.

    Quand on fit part à Vincent de la trouvaille des lettres qu’il avait écrites à M. de Comet à propos de sa captivité, il entra dans une colère folle et s’écria :

    "Par les entrailles du Christ ! et par toutes les grâces qu'il a plu à Dieu de vous accorder, je vous conjure de m'envoyer cette MISÉRABLE lettre qui fait mention de la Turquie". 

    Mais que contenait donc cette fameuse lettre envoyée d'Avignon le 24 juillet 1607 pour avoir tant embarrassé et troublé Vincent ?

    Il explique d'abord à M. de Comet comment, en 1605, on le prévient d'un héritage qu’il doit percevoir en se rendant à Marseille.  

    L'affaire dûment réglée, un "gentilhomme du Languedoc" rencontré dans une auberge de Marseille le persuade de rentrer à Narbonne par voie de mer[1].

       Signalons au passage que ce gentilhomme du être très convainquant, anormalement convainquant même, car Vincent détestait naviguer car malade comme un chien...

    Durant ce voyage il est fait prisonnier par des « barbaresques » qui écumaient la mer à l’occasion de la foire de Beaucaire. Ces pirates savaient  qu’à ce moment là de nombreux marchands s’y rendaient, en bateau, de Marseille.

    Retenons tout de même que la foire de Beaucaire se tenait le 22 juillet, jour de la fête de sainte Marie Madeleine patron de l’Eglise de Rennes le Château dans le Razès non loin du sanctuaire Limouxin de Marceille. Coïncidences, sans signification peut-être mais qui s’ajoutent à d’autres pour camper une atmosphère… 

    A son arrivée en juin 1607 près d'Aigues-Mortes il est reçu par le vice-légat en Avignon Pierre-François Montorio. Ce dernier part pour Rome en emmenant Vincent et le nouveau reconverti.

    Voici ce qu’écrit Vincent à propos de Montario : 

    "Il me fait cet honneur de me fort aimer et caresser, pour quelques secrets d'alchimie que je lui ai appris, desquels il fait plus état, dit-il, que "si io li avesse datto un monte di oro" (si je lui avais donné une montagne d’or) parce qu'il y a travaillé tout le temps de sa vie et ne respire autre contentement" 

    Cette partie est toujours oubliée par les biographies catholiques du Saint qui diabolisent l’alchimie, et on comprend pourquoi !

    Plusieurs points sont régulièrement ignorés ou délaissés par les catholiques. Leurs intellects conditionnés s'affolent à la mention d'alchimie ou autres procédés qu’ils jugent hétérodoxe. En fait cette attitude est en réalité une mauvaise foi reposant sur le désir de donner à la vie du saint une concordance totale avec les décrets autoproclamés de l’Eglise.

    Saint-Vincent Depaul écrit en toutes lettres qu’il a vu pratiquer l'alchimie et constaté que cela marchait !

    Pour quelles raisons mentirait-il ou parlerait-il d'un sujet soit disant mis à l'index ?

    Il écrit : "et trouver l'argent être devenu or", ou encore que son vieux maître pouvait "fixer l'argent vif en fin argent qu'il vendait pour donner aux pauvres", c'est très clair et sans ambiguïtés ! Notre vieillard changeait l’argent vif ou mercure en argent et l’argent en or. Fortune inépuisable et charité en seront un modèle pour Vincent.

    Non, l’alchimie n’est pas démoniaque comme le soulignent bon nombre d’évêques éclaires.

    J’ai sous les yeux L’instruction sur le rituel de feu Mgr Louis-Albert JOLY DE CHOIN l’évêque de Toulon publié en 1780 avec privilège du roi qui, à cette époque, faisait office d’imprimatur. Cet ouvrage de trois tomes fut imprimé d’après les manuscrits de l’auteur par ordre de Mgr Alexandre de LASCARIS, évêque de Toulon et par ordre de Mgr Gabriel-François MOREAU évêque de Mâcon.

    Nous avons donc trois évêques qui affirment l’orthodoxie de ce livre. Voici ce qu’on peut lire à la page 51 du tome trois :

    « La magie est un art d’opérer des choses merveilleuses : et comme il y a trois manières de les opérer, il y aura aussi trois formes de magie : 1 – la naturelle, 2 – l’artificielle, 3 –la diabolique.

    La magie naturelle est l’art d’opérer des choses merveilleuses par des causes naturelles et physiques, mis généralement inconnues, ce qui cause la surprise.

    La magie artificielle n’est autre chose que l’art d’opérer des choses merveilleuse par le moyen de l’industrie, de la science, de l’adresse ; tels sont certains effets de la médecine, de la mécanique, de la perspective et de  l’alchimie. Cette seconde forme de magie peut se réduire à la magie naturelle.

    La magie diabolique, qui est la magie proprement dite, est l’art d’opérer des choses merveilleuses par le secours du démon… »

     Le 28 février 1608, Vincent Depaul écrit à nouveau à M. de Comet mais de Rome cette fois. 

    Au cœur de cette deuxième lettre, de nouvelles révélations bien surprenantes se font jour lisons Vincent :

     « j'appris pendant mon esclavage de ce vieillard turc à qui je vous ai écrit que je fus vendu, du nombre desquelles curiosités est le commencement, non la totale perfection du miroir d'Archimède ; un ressort artificiel pour faire partir une tête de mort, de laquelle ce misérable se servait pour séduire le peuple, leur disant que son dieu Mahomet lui faisait entendre ses volontés par cette tête et mille autres belles choses géométriques, que j'appris de lui../.. »

    Les détails fournis dans cette deuxième lettre sont instructifs. Il évoque le célèbre miroir d'Archimède arme redoutable qui enflamma dit-on les navires romains lors du siège de Syracuse. Vincent Depaul admet n'en connaître qu'une partie… Pourtant le procédé est simple puisqu’il s’agit d’une concentration des rayons solaires. Notons en passant qu’il est pratiquement impossible de parvenir à enflammer un vaisseau à voile par ce procédé.

    Il est question ici de diriger les rayons solaire sur un vaisseau non pas à voile mais de verre. Car à cette époque un matras de verre s’appelait un vaisseau d’où est venu le mot vaisselle. La vaisselle consistait donc à nettoyer les  vaisseaux, ou contenant, de verre.

    C’est pourquoi le truculent Rabelais appelle un pantalon : « vaisseau marchand »…

    Les vaisseaux d’Archimèdes ne sont autre que les vaisseaux de l’art (abréviation d’ar-chimède) ou vaisseaux de l’alchimiste puisque l’alchimie est appelée art magna ou grand art.

    D’où l’expression « homme de l’art » désignant un médecin. Les premiers médecins soignaient leur malade grâce à l’art qui n’est autre que l’alchimie et la spagirie qui en dérive.

    Quand à la tête de mort parlante, on peut imaginer la ventriloquie mais Vincent précise qu’il s’agit d’un « ressort artificiel », une sorte de « capteur » ou résonateur qui génère une voix. Cette tête n'est pas sans rappeler celle des Templiers ou Baphomet que certains décrivaient comme une sorte d’oracle.

    L’oracle de cette tête est extrêmement précis et surtout n’est pas unique. Le dominicain Jean-Baptiste Labat rapporte à la page 64 de son ouvrage Nouveau voyage aux isles de l’Amérique (Paris 1931) l’utilisation d’une tête similaire par les africains dont l’un était capable de prédire l’avenir avec une précision inouïe.

    Tout cela montre la simplicité des processus « paranormaux » liés à l’Esprit universel dont il est possible de capter les messages à la manière d’un poste récepteur de radio. L’alchimiste ayant réussi n’ignore pas cela. Particularité que le Christ révèle quant il dit à ses apôtres : « L’Esprit-Saint vous enseignera ».

    Ainsi pouvons nous comprendre pourquoi et comment les Templiers furent prévenus de leur arrestation et de bien d’autres choses encore. 

    Gageons que le rusé Vincent s'est bien gardé de détailler l'ensemble des connaissances apprises à la chaleur des fourneaux de son turc (ou de ses trucs) alchimiste. Il est fort probable qu'il s'est réservé pour ses œuvres caritatives qu’il avait vu à l‘œuvre chez son vieux turc humanitaire.

    Doté d'une excellente mémoire, nous avons vu que Vincent fut en mesure de donner à M. de Comet un remède contre la gravelle. Il ne peut donc avoir oublié le processus permettant la transmutation métallique dont il aura besoin, face à un état ruiné, pour réaliser ses bonnes œuvres.

    Quoiqu'il en soit depuis cet épisode tunisien la vie de Vincent va se transformer radicalement. 

    L'ancien petit berger basque (il gardait les cochons) va  côtoyer les grands de son temps et multiplier les créations d'hospices et d'œuvres de charité. 

    Porteur d'une lettre du très riche pape Paul V (un Borghèse) qu'il remet à Henri IV, il devient l'aumônier de la Reine Margot. Puis sera un proche confident des plus grands noms du royaume.  
    On peut douter toutefois que Vincent Depaul se soit personnellement remis à la tâche d'une production alchimique. Il fit œuvrer d’autres alchimistes sous son « autorité » afin de l’aider dans sa tâche philanthropique… Donc il eut le rôle de responsable d’un groupe d’alchimistes dont Monseigneur Nicolas Pavillon, l’évêque d’Alet, devait faire partie.

    Non loin de Marseille, dans les archives de mon formateur en alchimie, j’ai trouvé son nom (orthographié Depaul, son véritable patronyme) en qualité de responsable, de 1637 à 1647, des frères Aînés de la Rose-Croix.

     

     

     


    [1] Ce gentilhomme ne serait-il pas le seigneur de la ville de Barbaira ? Ce « barbaresque » l’aurait-il invité chez lui qui habitait sur la route de Narbonne ? De cet endroit se serait-il rendu à Marceille, près de Limoux, et non à Marseille dans les Bouches du Rhone ? Et là, en ce lui leu isolé, Vincent n’aurai-il pas bénéficié, de la part de ce barbaresque, de l’enseignement alchimique ?

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