• L’ALCHIMIE SŒUR SIAMOISE DU SACERDOCE

     

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    L’ALCHIMIE SŒUR SIAMOISE DU SACERDOCE

     

    L’alchimie est habituellement comprise comme « science » des transmutations et l’art de préparer un élixir d’immortalité. Au-delà de ces réalités quelque peu fantasmagoriques et fascinantes, elle est beaucoup plus difficilement assimilée à une « science » spirituelle nécessitant quelques efforts sur soi-même si bien définis comme une « mystique expérimentale » par le brillant philosophe et alchimiste René Alleau, (Aspect de l’alchimie traditionnelle. Éditions de Minuit, Paris, 1953 et article Alchimie de l’Ecyclopædia Universalis).

    Ces deux aspects qui caractérisent le laboratoire et l’oratoire furent mal compris et donc néfastes à l’alchimie et cela perdure de nos jours. Quel rapport peut-il y avoir entre une méditation et une cornue ou un ballon de verre ? N’est-ce pas totalement utopique ? Aussi les partisans de la méditation dans le style classique eurent-ils rapidement gain de cause. La cuisine des alchimistes fut rapidement reléguée au rancart par  les centres dits initiatiques comme la franc-maçonnerie. En ces lieux expurgés de la débilité des utopistes s’installèrent René Guénon et Carl Gustav Jung. Dois-je spécifier que ces « initiés » stérilisateurs de l’alchimie traditionnelle sont à côté de la plaque ?

    Quoi qu’il en soit le fantastique stimulé par certains auteurs avides de rentabiliser leur capital financier « surfèrent » en délirant opportunément sur ce besoin d’évasion qui caractérise notre société laquelle tend à  se vautrer dans cet hédonisme artificiel créé et exalté par les techniques agressives et liberticides des pickpockets modernes qui pratiquent cette « science » de haute volée qu’est le marketing.  Ma sage concierge, toujours prompte à la définition lapidaire, m’a défini le marketing, à sa manière, comme un vol à grande échelle légalisé et enseigné dans les université. Cette femme inénarrable me claironne souvent haut et fort, et aussi à qui veut l’entendre, que « Le « marquetinge » (sic.) c’est l’art (j’adapte) de créer un besoin artificiel et donc de tromper le monde pour faire passer les portefeuilles des quidams comme vous et moi dans la poche d’un seul requin ». Certes, les requins n’ont pas de poches mais tout le monde sait de quoi il s’agit ! Je lui ai assuré que cette définition ne serait pas retenue par l’Académie et ne figurerait jamais dans le dictionnaire. Savez-vous ce qu’elle m’a répondu ? Jugez vous-même (j’adapte encore) : « Normal, les académiciens quand on leur met leur habit de guignol ils deviennent plus « fada » que les autres. » Face à ce lèse-majesté et à cet esprit foncièrement séditieux (les grandes oreilles américaines, à l’affût des terroristes, nous écoutent et ont remplacé sournoisement l’œil de Moscou !) je me suis bien gardé de poursuivre la conversation. Malgré tout j’adore ma concierge car elle dit tout haut ce que tout le monde pense très bas.

    Ainsi, s’établissent, à la place d’un savoir-vivre harmonieux qui minimise les besoins vitaux, des pratiques sournoises de corruption (ceux qui ne résistent pas à l’esprit pervers du marketing et ne peuvent acheter deviennent parfois des voleurs) dont la face très obscure a pour nom escroqueries (légitime ou non), drogue, beuverie ou libertinage. L’amour se défigure en sentimentalisme et pornographie, il devient impuissant à exalter en tendresse et joie la libido. Normal les bourses sont pleines de sous… Ce misérable substitut à l’amour ne résiste à aucune épreuve, ce qui multiplie les familles décomposées (quelle odeur!) et recomposées. Jeter l’éponge est devenu une caractéristique de notre société et l’un des signes de sa décadence. Peut-on parler d’autre chose que de la bête humaine ? 

    L’unique rêve, des laborantins amateurs cultivant une vie spirituelle boueuse, est de surprendre l’éclair jaune du métal précieux et de voir refleuris leur jeunesse pour mener à bien leur désir insatiable de sexualité cochonne en se vautrant sur un matelas bourré de billets de banque  tout en étant les chantre de la liberté. 

    Peut-on demander des efforts de réalisation spirituelle à ce genre d’individu qui ne peuvent être jugulés que par la répression comme celle des radars routiers ? Ainsi est rentabilisé l’excès de vitesse que l’on a favorisé en vendant une voiture qui trotte trop vite mais... lourdement taxée. Le gang de l’Élysée se frotte les mains en pleurant hypocritement sur les pauvres morts que l’on pourrait éviter ! 

    Oui, j’exagère au point de caricaturer parfois un peu trop, mais comment peut-on se faire entendre sans amplifier fortement la tonalité du discours ? 

    L’alchimie, ainsi prise en otage par des charlatans qui exploitent uniquement sa dimension transmutatoire des métaux en or ou ses capacités bio-régénératrice, ne peut délivrer son véritable message qui est essentiellement spirituel et christique.

    Spirituel et christique, deux mots qui font grassement rigoler les tristes lurons de cercle zététique (praticiens de l’art du doute qui doutent de tout sauf d’eux-mêmes) et le club prestigieux des branchés ! 

      

    Évidemment, ici il ne saurait être question du profond encrier qui vit naître le littéraire Alchimiste  de Paulo Coelho, petit cousin lointain et sans grande envergure de  Zenon l’alchimiste de L’œuvre au noir  créé il y a plus de 45 ans par la talentueuse romancière Marguerite Youcenar (1968), dont le symbolisme élémentaire, subtilement exprimé, ne doit pas tromper puisqu’il n’aborde pas réellement la dimension alchimique. 

      

    L’alchimie traditionnelle, et non romantique ou littéraire, ne fait qu’un avec l’esprit — le Saint Esprit même, — du sacerdoce et cela dès le premier millénaire du christianisme unifié. 

    L’Esprit, ce donneur de vie qui procède du créateur, irrigue ce double concept de la mystique chrétienne : l’Ecriture et la Nature. Ces deux livres sont sacrés, ils sont l’endroit et l’envers d’une même réalité. Le texte de l’un correspond à celui de l’autre même si les « alphabets » sont différents. 

    Ce concept existe encore d’une manière prégnante dans certaines Églises Orthodoxes comme il existait dans l’Église Gallicane ANCIENNE (avant l’an 1000) ou Église catholique initiale et donc réellement universelle (comme le mot catholique — issu de grec — l’indique) puisque sous son règne, qui dura tout le premier millénaire, chrétiens Orientaux et chrétiens Occidentaux vivait sous les même voûtes romanes. 

    L’écriture de la « Nature » fut évacuée progressivement de l’Église Catholique devenue hérétique (ajout illégal du « filioque ») et schismatique après sa séparation avec l’Église Orientale. Il convient d’insister : oui, c’est l’Église catholique (et donc le pape) qui s’est séparée des Églises Orthodoxes et non le contraire. D’ailleurs, le terme orthodoxe (dans les règles) est suffisamment expressif. 

    Que les choses soient claires : l’Église catholique n’est pas catholique (c’est-à-dire universelle) même si elle porte —convenons-en — ce nom en toute illégitimité. Sa véritable appellation est « Église Latine » ou « Église schismatique d’Occident ».

    Cela étant dit l’essentiel n’est pas la légitimité d’une Église ou d’une autre, mais le sacerdoce inséparable de toute spiritualité. C’est d’ailleurs pour cela que l’alchimie, qui ne s’en est jamais séparée, s’appelle art sacerdotal.

    Mais qu’est-ce que le sacerdoce ?

    Son origine remonte aux apôtres du Christ. Lorsqu’ils furent réunis dans le cénacle, ils reçurent des langues de feu, ou Saint Esprit, et se mirent à parler toutes les langues. À partir de cet instant, ils devinrent les premiers évêques. Par la suite, cet Esprit se transmit, d’évêque à évêque jusqu’à nos jours par les consécrations épiscopales ou imposition des mains.

    Pour recevoir cette ordination, il est indispensable de recevoir plusieurs ordinations intermédiaires nécessaires à une lente maturation spirituelle. Disons au passage que ces ordinations furent caricaturées et adaptées pour devenir les « initiations » bidon des centres initiatiques. Évidemment, ces « initiations » ne valent absolument rien car l’initiateur n’est pas un évêque valide et reste donc incapable de transmettre ce « supplément d’âme » nécessaire à la progression spirituelle.

    Si l’alchimie est art sacerdotal, c’est que tout alchimiste de valeur se doit de recevoir la consécration épiscopale (car l‘évêque, contrairement au prêtre, est seul a posséder la totalité du sacerdoce) après avoir reçu les ordinations intermédiaires y compris la prêtrise et cela ne doit pas se faire entre deux portes ! Pourquoi ces ordinations dans des conditions adéquates ? La raison en est évidente, à la descente de l’Esprit dans sa matière l’alchimiste doit joindre celui que le Christ nous a transmis, à travers le temps, dans un but salvateur. Crédibilise mes propos qui  voudra… 

    Des prêtres estiment célébrer une messe sur le monde quand ils officient dans la nature et élèvent leur hostie ou leur calice vers de magnifiques montagnes enneigées ou de splendides forêts. Évidemment, ce n’est pas de cela que les Gallican anciens parlaient, mais de la racine de ces beautés naturelles de leurs atomes et molécules constituant leur substance ainsi qu’à  l’agencement musical de leurs espaces. 

    L’écriture de la nature n’est pas constituée de lettres ordonnées mais de substances et de mélodies harmonieusement assemblées. La langue humaine est une harmonique de la parole des choses, comme le chant des oiseaux répond au verbe des Hommes. Ce verbe va être tantôt musique accompagnant les modifications des structures moléculaires dans la mélopée intime de toutes matières vivantes, tantôt silences et omniprésence sur un échiquier bigarré, tantôt appel d’un animal puis éclosion d’un chant d’oiseau. 

    Sur le chœur des becs chanteurs, sur le rythme vital des cœurs et la cadence éternelle des respirations s’est édifié le chant grégorien, cette grille de silence sur laquelle se trame l’hymne à la vie… Dissolution du langage humain dans le foisonnement rayonnant des multiples efflorescences du Verbe divin. Chant qui va au fond des êtres et des choses, qui atteint à leur substance même, à leur vérité, exhalant la force de vivre et la volonté d’agir, traduisant la réelle communion des personnes entre elles et avec la nature, imitant la juste cadence du sang qui parcourt l’organisme, véhiculant les influx divins des puissances angéliques, charriant la tumultueuse sève christique. 

    Cet hommage grandiose s’est perpétué jusqu’au milieu du XXème siècle qui a vue se lézarder les valeurs morales et spirituelles. 

      

    Ne connaissant pas le Christ, si vous œuvrez au laboratoire sous les conseils éclairés d’un vieux maître, que découvrez-vous ? En ce lieu se dégagera un fait monumental, irréfragable, celui d’une PRESENCE exceptionnellement puissante, irradiante qui occupera pleinement « l’espace des vivants » et qui aimantera votre cœur et fera palpiter votre âme vous poussant fermement vers plus de bonté, de bienveillance, de compassion et de patience. C’est cela, cette présence vivante, qui fait dire que le laboratoire est plus spirituel que l’oratoire. En réalité l’oratoire est le parvis du laboratoire, lequel est le véritable temple sacré ou se manifeste l’Esprit qui habite toutes choses y compris évidemment les matières minérales sur lesquelles œuvre l’alchimiste. 

    C’est le moment de mesurer l’absurdité d’un chimiste ou d’un physicien désireux de découvrir les secrets de la transmutation ! Tout au long de l’histoire de l’alchimie nous rencontrons ces feux follets de la connaissance, ces « souffleurs » ou « brûleurs de charbons » (souvent séduisant discoureurs reconnaissons-le) comme les appellent les véritables alchimistes hantés par l’étincelle divine au point de tout sacrifier pour entrer en communion avec l’indicible. C’était la dimension qui manquait à Jolivet-Castelot et celle qui manque aussi à Pierre Laszlo, professeur à l’Université de Liège (voir son Qu’est-ce que l’alchimie ?  Édité chez Hachette en 1996) 

    L’œuvre de l’alchimiste sera calquée sur la Nature et la nature se révélera être un duplicata de la vie et de l’œuvre du Christ, son Évangile secret… C’est cette reconnaissance du Christ Universel qui caractérise l’esprit de l’Église Gallicane ancienne et indivise. Cette Église n’est pas uniquement l’antique Église de France, mais aussi celle d’Afrique du nord, d’Espagne du Portugal, d’Italie de Sicile d’Allemagne de Belgique de Pologne et d’Angleterre… En un mot c’est la véritable Église d’Eurafrique, celle qui précéda l’empire de Charlemagne. Son esprit se perpétua durant plusieurs siècles notamment tout au long de Moyen Âge. Les Templiers en furent fortement imprégnés et certains monastères le continuèrent même jusqu’au début du XIX ème siècle. 

    Les cloîtres conservèrent ce dépôt précieux pour deux raisons essentielles. La première pour la particularité de la spagirie qui permet la fabrication d’une pharmacopée si nécessaire dans ces milieux de vie collective et aussi pour soigner les populations alentour. Telle est la raison pour laquelle au Moyen Âge les médecins étaient souvent des moines. 

    Le lecteur doit être un peu désorienté par l’emploi du terme spagirie. La spagirie n’est pas l’alchimie, c’est la méthode alchimique appliquée sur certains minéraux et végétaux et parfois sur les phanères ou les mues de reptiles ou d’insectes qui contiennent des principes régénérateurs qui les biologistes connaissent bien et qu’ils rêvent de pouvoir découvrir. Cet aspect a souvent dérouté les lecteurs qui croyaient avoir affaire à des recettes de magie ou de sorcellerie.

    La spagirie permet d’extraire la quintessence végétale et de la solidifier sous la forme de « pierre végétale ». Chaque plante produira une « pierre » spécifique avec une concentration maximale du principe thérapeutique. La fabrication de ses différents remèdes s’appelle iatrochimie. De ces préparations sont issues l’homéopathie et les différentes phytothérapies. 

    Il ne faut donc pas confondre la spagirie avec l’alchimie qui elle œuvre sur un minéral spécifique, donc plus ancien que la plante et pouvant contenir et accumuler, en grande quantité, le principe vital. De ce fait, le médicament sera une substance (élixir) qui agira sur TOUT l’organisme, d’où l’appellation de médecine universelle. 

    La deuxième raison, et de loin la plus essentielle sont les rapports de l’alchimie avec le Christ. D’où ces décorations alchimiques que l’on peut découvrir dans certains monastères comme celui de Cimiès au nord de Nice. Ils exaltent les valeurs de l’alchimie de cette alchimie qui fit dire à l’évêque Dom Belain in fine de ses Aventures du Philosophes Inconnu : « Et cette pierre était le Christ » en référence aux Écritures qui le disent en la première épître de Paul aux Corinthiens (X,5). Magnifique jonction entre les « textes » des Écritures et les « textes » de la nature. 

    Vous pouvez me reprocher d’être tendancieux, alors tournez-vous vers ce titre de livre ou Le mystère des cathédrales, de Fulcanelli quel est-il ce mystère ? Lisez l’œuvre d’Eugène Canseliet où les rapports entre l’alchimie et le sacerdoce sont permanents. Allez visiter le monastère de Cimiez et alors vous saisirez cette inséparabilité entre les lois universelles et le fondateur de l’univers que ne peuvent qu’exalter les moines en quête de communion avec le divin. 

      

    Le vase (ou vaisseau) de cette énergie divine salvatrice n’est autre que la Vierge (matrix, matière). 

    La Vierge Marie tient une place capitale en alchimie, on découvre d’ailleurs très facilement cette dimension extraordinaire dans l’Epître de l’Immaculée Conception qui est lue durant l’office du 8 décembre. J’ai été obligé de me référer à de vieilles Bibles contenant ce passage des Proverbes (8, 22-35) afin d’éviter les textes systématiquement mal traduits pour chercher à faire coïncider le sens de cette épître avec des idées préconçues effaçant la dimension alchimique incontestablement présente chez les premiers rédacteurs. 

    Vous avez là l’occasion de vous rendre compte de cette déformation des textes originaux car tous les missels (même ceux qui sont du milieu du siècle dernier) ont des traductions aussi fantasques les unes que les autres, vous pourrez comparer avec le texte ci-dessous. 

    J’ai donc été obligé de me référer à la Bible du Chanoine Crampon éditée en 1938 pour que la dimension alchimique puisse apparaître d’une manière similaire à celle du Mystère des cathédrales (1922) de l’alchimiste Fulcanelli : 

      

    « Le Seigneur m’a possédé au commencement de ses voies. J’étais avant qu’il formât aucune créature. J’étais de toute éternité avant que la terre fût créée. Les abîmes n’étaient pas encore, et déjà j’étais conçue. Les  fontaines n’étaient pas encore sorties de la terre ; la pesante masse des montagnes n’étaient pas encore formée ; j’étais enfantée avant les collines. Il n’avait créé ni la terre ni les fleuves, ni affermi la monde sur ses pôles. Lorsqu’il préparait les Cieux, j’étais présente ; lorsqu’il environnait les abîmes de leurs bornes et qu’il prescrivait une loi inviolable ; lorsqu’il affermissait l’air au-dessus de la terre ; lorsqu’il donnait leur équilibre aux eaux des fontaines ; lorsqu’il renfermait la mer dans ses limites et lorsqu’il imposait une loi aux eaux afin qu’elles ne passassent point leurs bornes ; lorsqu’il posait les fondements de la terre, j’étais avec lui et je réglais toutes choses. » 

      

    Toutes les liturgies (avant 1968) sont structurées avec des citations des textes sacrés. On peu même dire que tous les offices sont des agencements, des « chapelets » de citation issues de l’ancien ou du Nouveau Testament. L’extrait des Proverbes ci-dessus en est un exemple. 

    Ainsi cette citation des Proverbes illustre sous un voile très transparent la corporification de l’Esprit Universel Christique au sein de toutes substances. Et l’alchimiste devra établir un échange avec cet esprit si bien exalté par les dévotions mariales et plus particulièrement les litanies, avec ses différents noms de la Vierge à connotations alchimiques et si proches des mantras Orientaux, rappels du christianisme oriental gallican. 

    Pour accéder à cet échange l’alchimiste devra choisir la substance la plus apte, la plus malléable en quelque sorte, dont l’interface matière-esprit sera la plus « transparente » possible, et à un tel degré que les diverses expressions de l’esprit qui participe à l’agencement de la matière choisie, manifeste ses états par un changement de couleur ou une variation de structure dont la forme étoilée est la plus évidente... Il s’agit là d’analogies pour exprimer l’inexprimable, que la lectrice et le lecteur veuillent donc pardonner cette approximation quelque peu simpliste qui a l’avantage d’être expressive. 

    Des substances choisies sont nées le terme de matières premières qui, somme toute, a très peu d’intérêt par rapport à son contenu ou première matière des mondes d’où les analogies expressives à propos de la Vierge Marie qualifiées de Vase Spirituel mettant en évidence le contenu qui va incarner le Christ. C’est de cette première matière divine qu’il est question dans cet extrait fascinant des Proverbes permettant par la même occasion de situer le véritable registre sur lequel s’exprime l’alchimie qui mérite bien son nom d’Art Royal. 

      

    Bien souvent cet aspect est difficilement accepté par ceux qui prônent une alchimie musulmane ou encore taôiste qui leur semble n’avoir aucune accointance avec la dimension chrétienne. Certains suggèrent même une indépendance radicale de l’alchimie vis-à-vis des spiritualités, opinion difficilement défendable. Cela dénote une incompréhension de la mystique universelle (mystique vient de muet) dont le silence permet de vivre en harmonie avec cette présence sans nom  que chacun appelle différemment selon sa culture. Et oui, l’alchimie n’est pas incompatible avec la neutralité de la laïcité, mieux elle lui est propice ! 

    Si le mot catholique veut dire universel, L’Eglise catholique n’est pas, comme je l’ai souligné, universelle. Elle est, malgré son nom et sa grandeur (en nombre de croyants seulement) une Église parmi toutes les autres car l’Église universelle est l’union de toutes les Églises  non seulement celles d’Occident et d’Orient mais aussi avec les petites Églises sans exception du moment qu’elles célèbrent l’eucharistie. 

    Le ciment mystique du silence plein de puissance étant perdu, ce n’est pas avec les chicaneries stériles et amphigouriques des théologiens matérialistes que cette union peut être envisagée. 

      

    La relation qui s’établit entre la pratique de l’art sacerdotal et la célébration du sacrifice chrétien est historiquement démontré, depuis que l’on a découvert que les plus anciennes liturgies de la Gaule (liturgie gallicane ancienne) comportaient des fragments entiers  de livres hermétiques alexandrins. Cet aspect est rappelé fort judicieusement par Bernard HUSSON, dans son commentaire de la planche XXVI du Vidarium chimicum ou Le Jardin Chymique. (Editions Librairie de Médicis. Paris 1975). 

    Par ailleurs, le célèbre alchimiste chrétien et Rosicrucien, d’origine allemande, Michel Maïer reconnaît, dans le 11e chapitre de son Symbola Aureae Mensae que la messe est le lieu de jonction entre l’Église et l’art sacerdotal : 

    « Rien parmi les choses de la terre n’est plus semblable à ce grand œuvre céleste (la messe) que l’élaboration de la teinture ». 

    La teinture étant ici la pierre philosophale car elle est capable, comme la teinture communique sa couleur à un tissus, de communiquer sa puissance à tout ce qu’elle touche, tout comme l’hostie communique sa capacité régénératrice à l’âme du fidèle lors de la communion à l’occasion de la Messe. 

    La comparaison entre l’eucharistie et la pierre philosophale a souvent été faite par les alchimistes de France et en particulier par Pierre Jean Fabre en son L’alchimiste Chrétien (Editions S.E.H.A. Paris et ARCHE Milan 2001, p173)

    L’œuvre de Fulcanelli, tout comme celle du pieux alchimiste parisien Nicolas Flamel (voir l’Alchimie de Flamel par le Chevalier Denis MOLINIER, édition d’Art Savary, Carcassonne 1989) présentent un aspect beaucoup plus significatif. En effet l’un et l’autre sont connus pour avoir réalisé le grand œuvre d’alchimie et sont donc parvenu à ce degré d’éveil comparable à l’ouverture du Satori des Orientaux. Aucun des deux adeptes couronné, ayant accès, par le fait de leur réussite, à une réalité absolue n’a voulu retirer de son œuvre tout ce qui concerne les analogies avec le Christ. Peut-on croire à un artifice ? 

    Le christianisme est essentiellement alchimie, il ne peut être compris hors du contexte alchimique. Il est l’alchimie réelle et totale. Suivre le Christ et devenir Adepte c’est tout un. 

    Qu’est-ce que l’alchimie ? Autant à l’oratoire qu’au laboratoire c’est la séparation d’avec l’impur d’un élément toujours plus pur, c’est la transmutation des transgressions en progressions. D’opération en opération et de participation en participation à l’eucharistie, elle doit ainsi progresser sans fin. L’alchimie fait grandir d’où son nom d’Art Magna ou grand Art c’est-à-dire Art pour ceux qui grandissent, ou Art Royal, qui a pour but la libération et le déification de l’homme, la maîtrise de l’énergie universelle, la transfiguration des corps, la régénération du cosmos car tout être humain est inséparable de l’immensité étoilée… La Pierre est, comme le pain et le vin eucharistique notre viatique pour le long cheminement de notre transmutation… 

    L’évangile (de grâce ne restons pas obnubilé par celle de saint-Jean) doit devenir pour chacun de nous ce qu’il est en réalité : une musique supérieure de l’être, une source inépuisable d’énergie créatrice et d’intuition si nécessaire au laboratoire, un outil de puissance intégrale, autrement dit la clef de la christogénèse  en notre monde sublunaire. En ce sens, et en ce sens seulement, évangile signifie bonne nouvelle, heureux message. 

      

    Avec toute mon amitié. 

      

     

     

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  • Commentaires

    1
    hermophobe
    Lundi 8 Juillet 2013 à 20:48

    vous avez écris Youcenar c'est YouRcenar cela ne vous ressemble pas vous qui ne manquez pas d'R habituellement

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    2
    hermophyle Profil de hermophyle
    Mardi 9 Juillet 2013 à 05:56

    Mon ami attaque mon ortographe des noms propres ? Vous ne manquez pas d'aiR de vous opposer à l'Académie des guignols qui a décrété qu'il n'y a pas de faute à Youcenar... Qui vous dit que l'R en moins n'est pas en réalité un plus ? J'ai oublié qu'hermophobe se doit de pomper l'ait à Hermophyle, c'est comme les Chadock, ça pédale dans la choucroute... sans oublier l'R.

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    3
    hermophobe
    Mercredi 10 Juillet 2013 à 21:13

    Je l'adoRe cet Hermophyle...........

    4
    athos87
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 16:00

    Bonjour Hermophyle,

    Je partage votre développement, il est évidement qu'au bout de quelques années d'étude ce parallélisme entre Science et Religion s'impose comme une évidence. Il faut bien sûr oser s'ouvrir à cette prise de conscience, ce qui n'est pas à la portée de tout le monde tant le sacrifice peut-être insurmontable à certains. Vous le dites bien : c'est un sacerdoce, on peut naître alchimiste ou le devenir mais Adepte on le devient.

    5
    Mercredi 4 Décembre 2013 à 16:50

    Merci, athos87.

     

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