• PANPSYCHISME ET ALCHIMIE

     

    Le mot panpsychisme provient du grec « pan » qui signifie « tout » ou « partout » et « psyché » désigne l’Esprit. C’est donc un terme qui exprime la présence de l’Esprit en toutes choses. Nous devons cette expression au philosophe britannique Galen Strawson (né en 1952).

    Aussitôt que ce concept fut connu, les électrons et les protons furent déclarés spirituels par les fans de l’ésotérisme et du Nouvel Age. Bref, la présence partout de l’Esprit se répandit comme une trainée de poudre. L’ésotérisme entier s’en gargarisait dans ses cénacles délirants. Ce fut la découverte du siècle, une percée mystique de la pensée matérialiste, une victoire glorieuse des spiritualistes bidons  qui lui donnèrent un relief surréaliste et l’assimilèrent ipso facto au dénouement d’une grande acquête à la Rouletabille ou à l’Arsène Lupin. Ainsi les rosicruciens, et d’autre sociétés initiatiques, en firent leur grand secret ! Secret de polichinelle évidemment qui servait à enduire de miel, leur philosophie fatiguée, pour attirer les mouches.

    Face aux longues plaintes des gentils frères ou frater que je torture sous le fer rouge de mon langage peu châtié, J’exécute un rétablissement sportif dans le domaine du raisonnable pour ne plus martyriser ces âmes malheureuses de croyant indéfectible en leur philosophie universelle… Qu’est-ce que je suis méchant !

     

    Galen Strawson était frustré, avec beaucoup de ses collègues contemporains, face au problème matérialiste du dualisme. Je rappelle que le dualisme prône que les phénomènes mentaux sortent du champ de la physique et donc de la matière.

    La version la plus connue du dualisme a été formulée en 1641 par René Descartes qui a soutenu que l'esprit était une substance immatérielle qui va donc s’opposer à la matière et ne rien à voir avec elle.

    Le panpsychisme ne prétend pas que les atomes soient conscients au sens ou nous le somme. Mais seulement que certains aspects relevant du mental ou de l’intégration du vécu (donc une mémoire comme la manifeste l’eau) sont présents dans les systèmes physiques les plus simples. Des formes d’Esprit ou d’expériences plus abouties émergent dans les systèmes plus complexes. Nous retrouvons ici le concept complexité-conscience de Teilhard de Chardin quand il établit un parallélisme entre l’augmentation de complexité de la matière avec, à chaque étapes de sa complexification, un surplus de conscience jusqu’au fameux « pas de la réflexion » qui caractérise les hommes (in L’apparition de l’homme).

    En 2006 Strawson précisait certains points de sa philosophie. Et en particulier la différence qui existe entre un système manufacturé, comme une table, et un système auto-organisés fruit des poussées naturelles, et que l’on trouve donc autour de nous sans que l’homme ne l’ait fabriqué en maison, automobile, avion ou chaise.

    Les agrégats constituant les objets manufacturés qui ne s’organisent pas eux-mêmes ne peuvent avoir de but ni d’intention propre. Mais nul ne saurait prédire les manufactures du futur susceptible de créer des objets capables d’avoir des volontés individuelles. Il semble que l’IA (Intelligence Artificielle) en soit l’une des premières manifestations. Mais cela est une autre histoire.

    Dans les systèmes auto-organisés les agrégats subissent des expériences et s’organisent spontanément en formes de plus en plus complexes par différents processus dont la sélection naturelle.

     

    Le panpsychisme n’est pas une idée neuve. La plupart des gens y croyaient autrefois et beaucoup le font encore et parmi eux les alchimistes. Partout dans le monde, les peuples traditionnels voyaient l’univers comme vivant et, en un certain sens, conscient et présent à lui-même : les planètes, les étoiles, la terre, les plantes et les animaux avaient tous un esprit, une âme. De ce concept cher à nos aïeux a émergée l’astrologie, l’alchimie minérale, et la spagirie et les diverses phytothérapies.

    L’alchimiste dans son laboratoire œuvre sur un minéral qui comme tout minéral s’est auto-organisé au sein de la terre. De ce fait il est pourvu d’esprit. Mais son organisation, et donc sa progression, est freinées par le manque d’esprit générateur d’organisation. Aussi le rôle essentiel de l’alchimie sera de lui en fournir afin de la faire progresser. D’où cette parole, que l’on trouve dans nombre de grimoires, qu’adresse la matière à l’alchimiste clairvoyants:

    « Aide-moi et je t’aiderais ! »

    Là où le mystère demeure complet est comment une matière faiblement organisée comme un minéral peut-elle aider un homme si ce n’est par l’intermédiaire de l’Esprit qu’ils partagent ?

     

    « L’Esprit-saint vous enseignera » dit le Christ à ses apôtres…

    Toute la dimension transcendante de l’alchimie se trouve là indissolublement liée, en Occident, au christianisme mystique.

     

    Avec toute mon amitié.

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    Lilluminisme est devenu incompréhensible non seulement pour la spiritualité en générale mais aussi pour la franc-maçonnerie qui l’a longtemps gardé en son sein.

    La raison en est simple : l’esprit avec lequel œuvrèrent ceux qui participèrent de ce courant spirituel du XVIIe et XVIIIe siècle, est devenu étranger à nos spiritualistes contemporains. Ils ont oublié l’aspiration fondamentale qui présida à l’élaboration des voies initiatiques, dont l’alchimie est le maître d’œuvre, à tel point qu’a pu fleurir marginalement un illuminisme négatif, qui dirige le monde matérialiste, lequel a pris le nom d’illuminatis. Sur ces dirigeants je ne m’attarderais pas car ils sont une conséquence directe de la corruption de notre société comme le sont le revers de la médaille de certaines inventions dont le prix Nobel nous rappelle en permanence la triste réalité.

    Au XVIIIe siècle, l’illuminisme était d’une extraordinaire richesse et préfiguraient les découvertes des neurosciences actuelles. Ce courant ésotérique se caractérisait par une reconnaissance en l’homme d’un ensemble de faits de capacités et d’états qui dépassent largement l’aptitude, aussi subtile soit-elle, de notre intelligence discursive. 

    C’est exactement les mêmes constatations que firent les neurobiologistes quant aux étranges capacités de notre encéphale cérébral droit qui est capable de parvenir à la solution exacte d’un problème sans passer par un raisonnement logique. Son aptitude à saisir une totalité dans une partie de ce qui est observé renoue avec l’adage si souvent ironisé : « Un le tout, tout en tout » adage qui ignore combien la structure holographique de notre pensée est omniprésente sans parler de celle de notre univers dont les recherches sont en cours… 

    Le nom d’illuminisme fait référence à la lumière. Toute la difficulté, et aussi toutes les erreurs, reposent sur la définition que l’on donne à la lumière. Si nous croyons qu’elle est uniquement une science divine venant d’en haut et donc le fruit d’une mystique qui procède par révélation des connaissances du monde supérieur, nous avons raison si seulement nous savons d’où vient cette lumière et comment nous faire illuminer par elle.  

    Quoi qu’il en soit les individus insatisfaits par les dogmes et les cultes se livrent à des recherches sur le christianisme primitif pour tenter de discerner l’origine de cette lumière. La encore ils ont raisons seulement s’ils pensent que la connaissance d’un rit ne vas pas tout solutionner, et là je parle aussi des rit maçonniques. En d’autres termes ils ne peuvent porter leur fruit que s’ils ne sont pas le jouet de cette lettre servile qui occulte  l’Esprit.

    Tout cela est en accord avec la pensée de Joseph de Maistre. Quoi qu’il en soit la mystique fut toujours indépendante de tout cléricalisme établi, même au sein d’une Eglise. C’est un concept partagé par tous les illuminés mais qu’ignorent bien des Francs-Maçons qui se disent antidogmatique et par la même (par cette manière de penser dogmatique par essence) se barrent la route à l’illumination.

    Comment jouir de cette intuition, de cette intelligence profonde des choses qui repose sur une illumination invisible ? Comment posséder la vision intime du principe de la réalité du monde ? Telle sont les questions que se posent tout adepte.

    La seule réponse réside dans la signification du symbolisme alchimique des loges maçonnique qu’expliquent à leur manière bien des auteurs. Et qui plus est, seul le laboratoire alchimique rejeté par bien des loges, offre une compréhension et une solide technique mystique pour y parvenir.

    Ceci étant dit Martinès de Pasqually, Saint-Martin, Willermoz, Johann Friedrich Kleuker et Gottlieb Heinrich von Schubert, furent tous admirateurs de la théosophie chrétienne de Jacob Boehme, qui révéla l’influence de l’alchimie.

    Les fondateurs des grands courants spirituels ne sont lus qu’en fonction du crible de nos croyances qui sont, il faut le reconnaître, le pivot de l’expérience humaine à la racine de nos habitudes cognitives. C’est un fait qui n’échappe à personne, pas même aux biologistes spécialistes des neuroscience qui affirment, tel le célèbre professeur Américain de neurophysiologie Michael Gazzaniga : « Croire est ce que les humains font le mieux » in Le cerveau social : p13 Editions Odile Jacob.     

    Ainsi prévenus nous continuons à ne point nous méfier de nous-mêmes tout en fredonnant béatement : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les dieux » c’est ce que l’on appelle du verbiage qui nous occulte la lumière car nous ne faisons que réciter à l’aune de nos croyances et de nos coups de cœur.

    Certains m’affirment péremptoirement que l’initiation permet de dégager le « moi intérieur », « l’étincelle divine » existant dans la personnalité humaine. Je veux bien le croire mais je n’ai jamais rencontré d’individu ayant réussi ce tour de force résultant d’une initiation sans être au préalable sérieusement formé. Car toute chose nécessite une formation même si nous sommes habités par une puissante intuition. Evidemment j’entends l’initiation dans le sens maçonnique, rosicrucien ou martiniste du terme.

    Le père des lumières, pour paraphraser Fulcaneli, n’est autre que le soleil. Œuvrer avec la lumière n’est autre que l’alchimie qualifiée d’œuvre du soleil par Hermès Trismégiste. C’est dans ce sens que Jacob Boehme, révéla à l’avant-garde des illuministes l’influence, et donc la nécessité, de l’alchimie.

    Celui qui au laboratoire n’a pas découvert la puissance créatrice de la lumière, et ne sait surnager dans l’océan des causes, ne saurait savoir ce qu’est réellement l’illuminisme.

    La pratique au laboratoire provoque des réflexions, amène à des découvertes ainsi commence la formation qui inéluctablement conduit à rencontrer un guide autant pour le laboratoire que pour comprendre le sens profond de la lumière en soi et à travers l’Univers.

    Ce qui précède n’est pas spéculatif.

    C’est donc par un retour aux sources de l’illuminisme et de l’alchimie et par ceux qui souhaitent se mettre à son école en plaçant leurs pas dans les leurs, et non en ostracisant leur doctrine et leur façon de vivre le cheminement initiatique, que la maçonnerie pourra retrouver son authenticité perdue.

    Je sais, c’est une vue de l’Esprit et je ne nie as que je suis un rêveur éveillé. Mais j’ai posé ma Pierre. C’est là l’essentiel.

    Avec toute mon amitié.

     

     

     

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